Vaste étendue soumise aux éléments, la terre de la Flandre nous raconte une culture et une langue fortement ancrées dans les traditions du nord de la France.
Elle nous montre la ténacité de ses habitants face à cette terre sortie des eaux, asséchée, défrichée, cultivée et ardemment défendue des assaillants qui, à toutes les époques, la convoitèrent.
Mais par delà l'histoire, ce morceau de «Bas Pays» réputé pour sa platitude apparente, révèle mille et une variations à qui sait les observer.
Ici relief et milieu physique s'harmonisent et se lisent aisément : un plateau sédimentaire argileux surbaissé et jalonné d'une chaîne de petites collines aux calottes de silex épargnées par l'érosion. Une plaine maritime plus récemment découverte par la mer et délimitée à l'est par les plissements du plateau intérieur.
Ces formations anciennes se traduisent de manière plus sensible à travers l'histoire de l'occupation humaine. En effet, malgré un défrichement systématique qui atténua progressivement leurs différences, Houtland et Blooteland se présentent encore comme les deux visages de la Flandre actuelle.
L'Houtland ou pays du bois, à l'origine un mélange de terre, d'eau et d'arbres, était encore, au tiers du siècle dernier, un dense bocage dont on retrouve toujours par endroits l'ambiance verdoyante.
Le Blooteland ou pays nu, issu d'un assemblage d'îlots dispersés, conquis sur les laisses de la mer, reste encore à l'image de l'immensité des étendues aquatiques primitives.
L'homme, à force de domestiquer l'eau et le vent, de structurer et rentabiliser les terres, a contraint cette Flandre immuable à s'apprivoiser.
Aujourd'hui, elle gagnerait à retrouver un brin de liberté pour nous surprendre à nouveau et nous faire savourer sa nature sauvage.
Extrait de la Trame Verte, CAUE du Nord, 1993