Le Grand Paysage de la Flandre intérieure se revendique comme le territoire archétypal du pays flamand.
Ce territoire se présente comme un léger bossellement de terrains constitués par la clyte, argile des flandres.
Le nom de Flandre évoque le plat-pays, mais la réalité offre aux promeneurs une vaste ondulation souple et agraire où les panoramas s'enchainent d'une bosse à une autre sur un horizon de ciels mouvants et de terres travaillées : le contact avec la plaine de la Lys au sud et la plaine maritime au nord se réalise dans des situations de surplomb de quelques vingt mètres. Différences d'altitudes dérisoires pour qui n'est pas du Nord mais qui prend ici les dimensions d'une richesse paysagère insoupçonnable. Le passage d'un Grand Paysage à l'autre s'opère donc dans la soudaineté du franchissement des «talus». Néanmoins à l'est de Bergues, aux alentours d'Hondschoote, la situation est différente, la transition s'opère tout aussi brutalement par le passage du canal de la Basse Colme, alors que le gradient topographique est imperceptible. C'est aussi un pays très habité : partout des fermes isolées et des bourgs repérables à distance par leur clocher et leur beffroi.
La forêt est inconnue et le bois seulement une composante paysagère de l'horizon aux confins de l'Houtland français. On retrouve les boisements aux sommets des monts à l'est et aux sommets des escarpements dominant le marais audomarois et les polders de l'ancien estuaire de l'Aa à l'ouest. Il faut aujourd ‘hui admettre que le mythe de «la Flandre boisée» est devenu obsolète, et c'est plus souvent un paysage amorçant une sénescence des structures végétales que l'on peut contempler. Les abords de fermes isolées sont à ce titre riches d'enseignements. La Flandre est aussi le territoire qu'empruntent les routes et les chemins de fer menant de la métropole à la mer en reprenant parfois la direction des voies romaines venant de Cassel. Ce sont des axes de lecture essentiels du paysage agraire. Les grandes infrastructures, comme le T.G.V. et l'autoroute reliant Dunkerque à Lille, induisent un compartimentage du territoire par les entraves tant visuelles que physiques qu'elles imposent.
L'Houtland, les Monts de Flandre et les Marches de l'Audomarois forment les trois entités paysagères de ce Grand Paysage Flamand.
Extrait de la Trame Verte, CAUE du Nord, 1993