Le retour du paysage dans la ville (ENSAPL projet d'étude)

Travail d'étudiants réalisé dans le cadre de l'Atelier d'Amélie Fontaine et Frédérique Delfanne, enseignantes à l'ENSAP Lille Atelier de Master / Architecture & Paysage / Semestre Automne - Année 2022-2023

Le projet s’implante dans une commune du parc naturel de l’Avesnois. Ce territoire se caractérise par des éléments de paysage forts tels que la forêt de Mormal mais également par une histoire agricole ancrée. Elle se caractérise par un paysage de bocages, de vergers lui procurant un potentiel intérêt touristique. Le parc de l’Avesnois est traversé par des chemins de randonnées pédestres et cyclables. Cependant certains de ces GR longent les départementales, circulées notamment par des poids lourds. Ce qui nous amène à notre premier enjeu : mettre en valeur le grand paysage de l'Avesnois. 

Dès nos premières journées d’immersion dans la commune de Landrecies nous avons établi le constat suivant : la ville de Landrecies est une commune à plusieurs visages. En effet, elle dispose de logements dont ceux du centre bourg qui sont laissés vacants, ne répondant pas aux attentes de potentiels acquéreurs. Les futurs acquéreurs de milieux ruraux souhaitent des logements individuels leur permettant de disposer d’un espace extérieur sans promiscuité. Des projets de zones pavillonnaires périphériques font d’ailleurs sujet d’étude en conseil municipal. Landrecies se caractérise également par des services, d’anciennes industries, dont quelques-unes encore en fonctionnement, de commerces mais surtout de qualités paysagères typiques telles que les bocages mais aussi une topographie vallonnée. Cependant la ville est fragmentée par la départementale qui la traverse, la Sambre et la voie ferrée. 

Dans la continuité de ce constat nous avons recentré le propos sur la ville basse qui nous semble illustrer particulièrement bien ces caractéristiques. Le secteur auquel nous nous intéressons, est enclavé entre la voie ferrée et la Sambre, et est traversé par la départementale. Dans ce cadrage se forme un tissu hétérogène (en gabarits et usages) composé de logements, d’industries, de commerces et services, de tissus agraires et de friches végétales. Cette mixité du tissu donne lieu à des conflits d’usage. On peut constater que les cheminements piétons ou véhicules et notamment poids lourds sont presque identiques. Les poids lourds occupent une place importante dans un tissu plutôt de logements. La densité bâtie de la ville basse est cependant moins élevée que dans la ville Haute anciennement organisée autour de ses remparts. Ce qui nous amène à notre deuxième enjeu : résoudre les conflits d'usage de la forme urbaine . Néanmoins la ville basse se caractérise également par la présence de la vieille Sambre et du canal de la Sambre longeant des paysages de marais/ bocages à l’origine de potentiels. Mais aussi par sa topographie intéressante par sa position de plateau surplombant le paysage de l’avesnois. Notamment avec la gare de Landrecies, (qui est abandonnée mais où quelques trains circulent toujours ). Ce bâtiment se trouve dans une friche végétale et est positionné sur un plateau permettant les vues sur le grand paysage La gare se situe notamment en position de plateau, surplombant le grand paysage. Cependant cet espace est très peu fréquenté alors qu’il constitue un atout paysager. plus bas dans la ville basse malgré la proximité de ces éléments de paysage ils ne sont que trop peu ressentis. 

Ainsi suite à cette première analyse nous nous demandons comment requalifier la ville basse en mettant en valeur ses atouts.  

Afin de répondre à la problématique suivante, nous orientons le projet sur deux axes parallèles : le retournement de la ville sur le grand paysage et la résolution des conflits d’usages issus de la forme urbaine. 

Afin de répondre à la problématique précédente nous envisageons l’hypothèse suivante : 

“Et si avec une action mesurée sur le foncier économique on déverrouillait le tissu industriel pour que le bocage puissent entrer davantage dans la ville” 

Pour ce faire, notre raisonnement général est le suivant: Nous proposons une hypothèse de repolarisation des bâtis selon les usages en vue de libérer des fonciers pour permettre la création de logements dans la ville basse plutôt que de continuer à créer des zones pavillonnaires grignotant le tissu agraire périphérique. Ce processus à également pour vocation de permettre au paysage de pénétrer dans la ville basse. 

Dans une première phase, se développent parallèlement un regroupement par pôle des lieux en fonction des usages et une volonté de ramener la paysage dans la ville. La mise en place de cette première phase débute par la relocalisation des entrepôts Parisse situés à l’ouest de la départementale au niveau des entrepôts vacants de l’ancienne usine Desvres. Ce changement de site permet de regrouper les unités artisano-industrielles en deux pôles principaux (Sanders) et dans l’ancienne usine Desvres. Le regroupement de ces pôles a pour avantage de libérer des poches foncières et également de limiter les circulations de poids lourds dans des quartiers à vocation résidentielle. Par ailleurs la délocalisation permet de déconstruire ces espaces à faible qualité architecturale au profit de percées visuelles vers le grand paysage. Ces percées sont guidées par des frênes longeant les rues guidant vers ce grand paysage. Cette intervention à pour vocation de valoriser ce contexte trop peu visible depuis l’intérieur de la ville. En amont de cette démarche, afin de sensibiliser les habitants au contexte qui les entoure, des bâtiments existants vacants et totems du paysage, sont employés au profit d’expositions sur la thématique du paysage de l’Avesnois afin de permettre d’apprécier et d’apprendre à connaître à nouveau ce cadre de vie. Cette étape permet d’avoir un premier regard sur le grand paysage encore trop peu ressenti depuis la ville basse. Parmi ces bâtiments se trouvent la gare, le bâtiment lui faisant face, sous le pont de la départementale ainsi que la partie droite de la communauté de commune. Dans la continuité de l’exposition de la gare, la friche l’accompagnant est conservée en l’état afin de relever et préserver les espèces endémiques de l’Avesnois dans l’optique de les valoriser dans une phase prochaine. 

Dans une seconde phase les îlots dé-construits sont dépollués par phytoremédiation, c'est-à-dire par l’utilisation d’essences dépolluantes telles que le miscanthus. Ces essences végétales emplissant temporairement des îlots poreux reviennent créer une nouvelle forme de densité dans l’urbain.Des poches vertes sont créées à travers les îlots longeant des cheminements nouveaux ou anciens. Ces îlots ramènent le paysage en ville. Il s'agit des prémisses d’extension du grand paysage à l’intérieur de l’urbain par l’insertion de poches végétales. Dans l’espace de la friche de la gare, une sélection des essences est faite afin de leur permettre de se développer au maximum. Le paysage ayant commencé à prendre place dans la ville, les espaces d'exposition se réduisent, s’intégrant ainsi dans les îlots urbains. La comcom peut ainsi libérer l’espace d’exposition permettant des travaux de réfection de ces espaces au profit du développement de bureaux et de salles de réunion. La gare est quant à elle libérée de l'exposition, et est transformée en un lieu d’intérêt qualifié en restaurant routier la journée et bistronomique le soir. Ainsi sa localisation permet d’offrir des vues vers le grand paysage et un cheminement est créé pour relier la gare en direction des marais. La percée visuelle s’étend vers une percée pédestre. Par ailleurs, le programme de restaurant routier le midi dans la gare permettrait de décongestionner les stationnements des poids lourds le long de la comcom les midis. Dans la continuité d’intégrer le grand paysage à la ville une mise en abîme est faite par la création de poches vertes aux qualifications multiples. Ces poches guident de l’urbain vers les marais. Elles optent pour des qualifications variées: prairie, parc, square. Ces espaces offrent des respirations dans le tissu urbain. Parallèlement le projet s’étend au niveau des marais par la replantation de la peupleraie. L’extension de cette dernière permet de masquer depuis la ville haute le gabarit impressionnant de Sanders en offrant des vues sur une qualité paysagère. 

Dans une dernière phase des îlots de logements sont bâtis afin de recréer des îlots plus en cohérence ceux périphériques dans un pôle qui leur est attribué. Par ailleurs, une cohérence de densité urbaine est recréée avec des fronts bâtis denses en directions des grandes façades telles que la comcom et Desvres et avec un motif plus en pointillé en direction du paysage naturel. Ce motif inspire le croisement des éléments entre eux, le lien qu’il se tisse entre eux progressivement. Les nouvelles formes urbaines s'entremêlent aux des îlots verts. Ces îlots de logements permettent de recréer une affirmation du quartier résidentiel de la ville sans pour autant consommer de nouveau foncier périphérique. La démolition d'îlots de stockages industriels a permis de dégager des espaces aux qualités paysagères importantes. Après la phytoremédiation, les parcelles anciennement Paris, ces parcelles ont pour qualité d'être situées au bord de l'eau.Cette hypothèse de construction de logement vient se développer sur le tissu urbain de l’est de la ville basse. 

Cette dernière est développée notamment sur l'îlot longeant la vieille sambre. ainsi dans un premier temps cet îlot se voit décomposé en trois îlots indépendants plus en cohérence avec les dimensionnements des îlots existants.Cette localisation est intéressante par l’ouverture qu'elle donne sur le grand paysage guidé depuis la rue de l'hôpital par des frênes donnant la perspective. Ces perspectives données vers les marais se poursuivent par l'implantation de haies bocagères en périphérie des nouvelles parcelles. Ce nouvel îlot guidant vers le paysage est appuyé par la présence d'une grande prairie ouverte glissant vers la vieille Sambre. Cette ilot offre ainsi un espace commun généreux pour profiter d’un contexte confortable. La prairie ouverte : un vaste espace permettant des usages libres, propose des vues sur le grand paysage; possibilité de continuer les chemins en traversant la vieille sambre. Ces nouveaux aménagements de la ville basse permettent de la traverser par le prolongement des chemins de randonnée existants en traversant la vieille Sambre en direction de cette prairie par l'aménagement d’un pont et d'une circulation dans le marais. Cet aménagement est surélevé afin de limiter l’impact environnemental sur le marais. 

Pour en revenir à la dimension construite: les îlots s’organisent autour d’une stratégie de traversée évolutive: le cheminement est élargi au niveau des logements mais rétréci pour n'autoriser que le promeneur ou le cycliste dans la partie sur de l'intervention La continuité du cheminement aux nord vers la gare, permet de refermer l'îlot d’habitation de la gare. L’implantation sur ces îlots reprend les formes bâties existantes en périphérie : des orientations plutôt perpendiculaires à la Sambre sur la Rue de la Pescherie et scherer. Le bâtiment dans la partie sud du site suit le parcellaire existant. La maison vient s’implanter en front dans la continuité de ses voisines. 

Les formes architecturales développées s'adressent aux ménages dont la commune de Landrecies permet d’offrir une attractivité par ses équipements et services. La forme du logement découpé autour d’un patio crée une mise en abîme des glissement des îlots verts dans l’urbain. l’emprise urbaine est rejointe et croisée par celle du végétal. Ces logements disposent ainsi d’un espace de jardin accompagné en périphérie immédiate de la prairie et ailleurs dans la ville basse de communs tels que les poches vertes. 


Atelier 'La piste rurale" proposé par Amélie Fontaine et Frédérique Delfanne dans le cadre du master Architecture & Paysage / Semestre Automne - Année 2022-2023

Concepteur(s) - maître(s) d'oeuvre
Lucie GOY
Chloé MASSELOT
IDENTIFIANT :
67633
Mis en ligne par :
Chloé MASSELOT
Date de création :
19/01/2023
Date de mise à jour :
28/09/2023