Edifié à la fin du XIX ème siècle, ce bâtiment de briques et de pierre bleue du Hainault s'étire sur 150 mètres et marque la tête des friches industrielles dont la ville porte la reconversion. A l'exception de l'extrémité de l'aile Maubeuge conservée par la SNCF, le bâtiment principal est reconverti en pôle culturel et plateforme de production pour les Arts numériques. Le regroupement des activités sous un même toit imposait de les isoler par un système de volumes enchâssés et désolidarisés du bâtiment principal.
© AST - Architecture Sophie Thomas
Circuit AMO 2014
Le déclin économique du bassin de la Sambre et la disparition des frontières douanières ont laissé à la ville de Jeumont des bâtiments en friches parmi lesquels la Gare s'inscrit.
Sa qualité architecturale et son caractère patrimonial l'ont destinée à être transformée en équipement emblématique par la ville. L'activité SNCF réduite au minimum, s'est réfugiée à une extrémité du bâtiment, dégageant la quasi-totalité de l'espace.
Dans le cadre de l'Europan, un schéma a été réalisé proposant un nouvel axe parallèle aux voies SNCF, reliant la Gare à l'Hôtel de Ville dans un parcours paysager intégrant les grandes carcasses des friches désaffectées.
Le programme de la plateforme d'art et de haute technologie se caractérise par la diversité des activités à regrouper dans un bâtiment dont la force architecturale se caractérise par sa longueur et son étroitesse : salle d'exposition, bar, salle de spectacle, studios son et vidéo, plateau de tournage, conservatoire de danse et musique, cybercentre.
Le défi consistait à intégrer les activités sans détruire la simplicité et l'évidence des volumes d'origine.
La réponse est respectueuse de cette architecture de brique propre aux gares du 19ème siècle. L'enveloppe de la gare intérieure et extérieure est conservée à l'identique, briques, mosaïques et carrelages.
Les différentes entités du programme sont disposées le long de la colonne vertébrale du bâtiment comme des boites indépendantes dans l'enveloppe de la Gare et à l'extérieur de celle-ci. Le vocabulaire architectural utilisé se nourrit du lieu. Matériaux et détails sont inspirés du langage industriel.
Chacune de ces " boites dans la boite " formellement identifiable répond aux exigences acoustiques contraignantes du programme (enregistrement audio et vidéo dans une gare en fonctionnement) et comprend le traitement antivibratoire ou acoustique approprié, par exemple boites à ressorts.
A l'extérieur, le plateau de tournage boite de béton saillante signale la nouvelle vocation du lieu.
Il est ceinturé d'un vitrage au graphisme bleuté évoquant l'image pixellisée de la gare. Le long de la façade côté place, une passerelle portée par des poteaux quadripodes, désolidarisée de l'existant, permet la liaison des activités à l'étage et répond ainsi aux contraintes de sécurité.
A l'intérieur le grand volume de la salle des pas perdus abrite l'espace Bar et Expositions. Il est surplombé par le volume de l'Auditorium, coque de bois de contre plaqué vernie rouge foncé posée sur 6 grands poteaux d'acier.
Une boîte orange posée au centre du hall des douanes abrite les 6 petits studios du conservatoire de musique. Ils sont surmontés par la salle de danse qui récupère le volume sous la charpente.
Les studios d'enregistrement, petites boites étanches habillées de rouge et de gris, sont situés dans l'Aile Erquelinnes du nom de la ville Belge limitrophe.
La nuit la passerelle et le plateau de tournage se transforment en objets lumineux posés sur le no man's land de l'esplanade de la gare.
© Arteo