"J'aimais, enfant, la linéarité de l'autoroute qui dégageait la vue sur des paysages lointains, les faisant défiler à toute allure. Cette route-là, je la connaissais par c∏ur.
J'en connaissais surtout les ponctuations. Et parmi mes préférés : la centrale nucléaire. À sa vue je m'écriais : «La centrale! La centrale!». Elle était dressée là, aussi impassible que menaçante. Elle me fascinait. Contrairement à Feyzin rencontrée plus haut, elle semblait si lointaine.
De Feyzin j'observais tous les détails, dans une proximité insoutenable. Juste là, aux abords de la voie, je ne distinguais pas de silhouette, elle était comme éventrée. La centrale nucléaire, j'aurais voulu qu'elle se rapproche, elle.
Qu'elle me montre son échelle inhumaine. La distance la rendait objective. Je n'avais d'yeux que pour les tours réfrigérantes, ces hyperboles parfaites, que je pensais à l'époque être le c∏ur de la centrale. Les formes géométriques, mathématiques même, ancraient la centrale dans une stabilité et un silence absolu. "