Sur le Plateau de Mormal, les fermes adoptent cette disposition souvent en raison de fonctions diversifiées ; outre l'élevage traditionnel, elles ont souvent abrité d'autres activités : liées au textile (ferme de tisserand), à l'exploitation du bois (fabrication de sabots ou de lattis pour les plafonds par exemple) ou de la betterave (ferme-sucrerie ou râperie). Des fermes-brasseries, des fermes abritant un café ou une exploitation fruitière (comportant alors des espaces de stockage des fruits et des cagettes) ont également été répertoriées. Elles constituent une solution artisanale d'exploitation des richesses locales, coexistant avec les établissements industriels (brasserie, sucreries, usines de compotes ou de sirop de fruit…)

SON IDENTITE
Ses caractères généraux :

Organisation des bâtiments autour d'une cour :
- Implantation générale tenant compte de la pente et orientation du logis liée à l'exposition solaire
- Reconstruction de bâtiments monumentaux au cours du XIXe siècle (grange, écuries)
- Agrandissement du logis à la place des étables et construction de nouveaux bâtiments d'étables
- Multiplication de vastes espaces de stockage (bois, cagettes, fruits ...)
- Fermeture partielle de la cour par des clôtures diverses (murs des bâtiments eux-mêmes, muret, porche-pigeonnier, portail et grille).

La cour :
Lieu central de l'exploitation, elle assure la liaison et la cohérence visuelle entre les différents volumes bâtis. Elle est vaste et recèle des éléments et des édifices (abreuvoirs, puits, pigeonniers, trottoirs pavés ...) qui témoignent des modes de vie passés et constituent une richesse patrimoniale qu'il convient de préserver. Par leur mise en µuvre et l'utilisation des matériaux locaux, les abords et les limites des fermes enrichissent le paysage bâti et contribuent à l'identité du territoire.

Les déclinaisons du logis :
Le logis adopte des formes très différentes selon la taille de la ferme : de type maison élémentaire pour les plus modestes, véritable maison de maître pour les exploitations les plus riches ou de type maison de bourg, abritée sous le même faîtage que la grange.

Les bâtiments d'exploitation :
Outre le logis, les bâtiments constitutifs se caractérisent par leur diversité de formes et de fonctions (grange, étable, écurie, fenil, laiterie ...). Ils ne sont pas seulement dévolus aux activités d'élevage mais reflètent la variété des activités artisanales du territoire.

Les activités artisanales ou semi-industrielles complémentaires :
Les activités artisanales
L'exploitation du bois
Les productions textiles
Les activités semi-industrielles
Les fermes –brasseries
Les sucreries


Enjeux :
Sur le plateau de Mormal, les fermes représentent une part importante du bâti traditionnel. Leur réaffectation participe à favoriser une gestion économe de l'espace en limitant l'étalement urbain et en privilégiant la densification du tissu existant. Elles marquent également fortement le paysage rural avesnois par leur organisation spatiale, l'importance de leurs volumes, l'harmonie des couleurs et leur relation aux éléments naturels.
Dans les fermes et plus particulièrement celles organisées autour d'une cour, la reconversion d'un bâtiment agricole en habitation doit préserver le rapport entre les différents volumes, la lisibilité des fonctions et les relations avec les éléments d'accompagnement (cour, usoir, rue, pâture, verger). Les enjeux se situent donc à plusieurs niveaux.

- Maintenir l'organisation originelle des bâtiments autour de la cour en limitant les démolitions et préférer l'adjonction d'un nouveau bâtiment à l'agrandissement d'un bâtiment ancien, en s'inspirant des volumes et proportions des bâtiments existants.
Cette approche s'inscrit dans les habitudes constructives de ce type bâti.
- Conserver les éléments de transition entre l'espace public et l'espace privé : murs de clôture, grilles, portails, piliers, trottoirs pavés ... qui participent à la qualité du paysage bâti.
- Restaurer les éléments du patrimoine rural situés dans les cours et aux abords des fermes : puits, abreuvoirs, fours à pains, oratoires, usoirs ... qui témoignent des activités et savoir-faire passés.
- Préserver la composition de la façade en limitant les modifications d'ouvertures. Les portes de grange peuvent être transformées en baie vitrée ou en porte de garage en exploitant les possibilités offertes par leurs dimensions originelles.
Les ouvertures en toiture sont rares dans le bâti ancien, les châssis de toit encastrés dans la couverture sont donc préférables aux lucarnes qui introduisent un rythme vertical inconnu de l'architecture locale. Ces ouvertures doivent composer avec les baies du rez-de-chaussée et s'inspirer de leur proportion mais dans une dimension plus réduite.
- Restaurer les menuiseries selon les caractéristiques traditionnelles en respectant la décomposition générale (imposte, division des vantaux, ...), la section et les profils moulurés des éléments en bois, et éviter la pose de volets roulants non intégrés.
- Veiller à conserver les éléments décoratifs en brique ou en fer forgé : chronogramme, corniche denticulée, linteau sculpté, marquise ... qui témoignent de l'identité locale et enrichissent l'architecture rurale.