A Cagny, la coupe de la Garenne présente la géologie du Quaternaire, permettant d'observer la sédimentation au cours de la glaciation de Mindel (deuxième grande glaciation de ce système), ayant formé l'un des étages des terrasses de la Somme.
Les climats du Quaternaire ont été marqués par des alternances de périodes froides (glaciaires) de plusieurs milliers d'années où les températures étaient négatives et des périodes tempérées (interglaciaires) moins longues avec des températures plus actuelles. Les successions de ces périodes ont entrainé un abaissement du lit des rivières, jusqu'à atteindre leur niveau présent.
Durant les phases glaciaires, les eaux provenant de glacier transportent de nombreux matériaux (sable, argile, vase, galets, graviers) qui remplissent leur lit. Par la suite en période interglaciaire, les eaux de fonte creusent les dépôts précédents. C'est la succession de système fluvio-glaciaire qui forme les terrasses fluviatiles.
L'étude des terrasses de la Somme donne de multiple renseignements sur la préhistoire et la géologie du Quaternaire. La grande coupe de la Garenne montre d'anciennes alluvions de l'Avre, une référence unique pour la séquence de la moyenne terrasse de l'Avre (appartenant à la cinquième nappe alluviale sur les dix du système de la Somme) qui fait apparaitre un minimum de quatre grands cycles Glaciaires-interglaciaires (Fig. 1).
La base de la coupe se trouve 27 mètres plus haut par rapport au creusement actuel de la vallée. Celle-ci débute il y a 450 000 ans. Elle est composée de graviers calcaires, puis de graviers fluviatiles grossiers périglaciaires, et de sables limoneux calcaires marquant le début de l'interglaciaire (Fig.2).
La partie supérieure recouvre la terrasse avec des loess sableux, des débris crayeux et caillouteux, ainsi que des paléosols interglaciaires (Fig. 3).
D'un point de vue archéologique, le site présente également un intérêt. En effet on retrouve dans ses alluvions des silex taillés en biface par les hommes préhistoriques de l'Acheuléen ainsi que des ossements de restes de grands herbivores qu'ils ont consommé.
A. Aillaud d'après François Duchaussois