Cette oeuvre, de l'artiste Claude Rutault, Sentinelles, hommage aux carriers, est située à proximité de la Chapelle du St Sépulcre à Saint-Restitut sur un site en belvédère sur le grand paysage. Cette commande de la Fondation de France a été réalisée par l'entreprise locale Christian Fontaine.
En 2011, dans le cadre de l'action Nouveaux commanditaires initiée par la Fondation de France, l'association Lithos, active à Saint-Restitut, ralliant l'intérêt et la bienveillance du conseil municipal, manifeste sa volonté de reprendre à son compte l'idée de commander une oeuvre d'art contemporain en forme d'“observatoire du paysage”: un projet né en Bourgogne (butte de Thiès), mais n'ayant pu se concrétiser là-bas. Claude Rutault, artiste initialement sollicité, consulté sur cet éventuel transfert, témoigne de son enthousiasme pour le site drômois et en accepte le principe, sous réserve d'une reconfiguration de sa première idée. En cohérence avec les spécificités du terrain choisi par les commanditaires et le souvenir — relayé avec conviction par ceux-ci — de l'activité des carrières d'exploitation de la pierre locale, il propose de dresser un ensemble de blocs pour former quatorze plans verticaux définissant des cadrages du paysage. Celui-là même pour la représentation duquel la peinture — et Rutault est avant-tout un peintre— a su utiliser l'étagement horizontal des plans pour en simuler la profondeur. Disséminé sur la pente, tel qu'on le découvre, au débouché d'un sentier arrivant par le bas, l'observatoire ne construit pas une vue unique comme à travers une fenêtre, mais offre plusieurs possibilités de fuites obliques et autres coulisses, plongeant à l'intérieur d'un vaste panorama qui va de la cathédrale de Saint-Paul-Trois-Châteaux à gauche, au Mont Ventoux à droite, en passant par la colline de Clansaye, le quartier de Chameau et la zone artisanale.
"Les blocs de pierre se situent sur un chemin de randonnée qui fait le tour de la vallée. Ils sont disposés en éventail. Le titre « Les Sentinelles » ne dit pas tout du projet qui est une réflexion sur le paysage, un travail parti du constat que la grande image n'a pas de forme. Les blocs de pierre ne sont pas des sculptures. Ils permettent de fractionner le paysage. Le promeneur peut se fabriquer ses propres points de vue en fonction de l'emplacement où il se trouve. Si ce projet est un peu particulier dans mon parcours, il correspond bien à l'idée que je me fais de la peinture. Au lieu de représenter un paysage, il suffit de montrer le réel, de poser une toile brute sur deux tréteaux, à plat, devant une fenêtre, au travers de laquelle on peut observer la nature. Il est un peu vulgaire de peindre plus ou moins bien un paysage, alors qu'il se trouve devant vous. Autant regarder l'original !"
Claude Rutault