A Châtillon-en-Diois, le terme "viol'' (d'origine provençale, découlant du latin via) désigne les étroites ruelles piétonnes du centre ancien. En trois ans, les viols situés en partie basse du village médiéval ont fait peau neuve. Le projet a su respecter l'esprit des lieux avec sa minéralité affirmée, ses fontaines rénovées et ses ponctuations plantées.
Un béton désactivé composé de gros granulats – des graviers roulés de la Drôme – recouvre les sols. Rustique, il s'harmonise parfaitement avec la texture du bâti, et sa faible glissance apporte un vrai confort d'usage dans ces ruelles pentues. Evoquant les anciennes calades, des demi-galets polis (issus de réemploi) ont été ponctuellement incrustés et ‘‘illuminent'' le béton par touches discrètes. Les tampons sont parfaitement intégrés grâce à leur remplissage béton. Pour les marches et seuils d'habitation, les dalles qu'il a fallu remplacer ou ajouter ont été dessinées sur mesure et taillées dans la pierre calcaire de Ruoms, choisie pour sa bonne résistance au gel. Aux pieds des façades, la mise en œuvre de cette même pierre a évolué entre la première tranche de travaux et les suivantes : des barrettes à l'aspect lisse, choisies pour leur facilité d'entretien, ont ensuite été abandonnées au profit d'un assemblage de pavés qui, avec leur finition éclatée et rugueuse, s'intègrent mieux dans le paysage urbain. Les pierres sont posées sur un béton de chaux et laissent par endroits la place à des lits de galets végétalisés. Inspirée d'une pratique traditionnelle, la bande drainante ainsi créée favorise l'infiltration des eaux de pluie dans le sol et ‘‘laisse respirer les murs'', limitant les désordres dans les maçonneries dus à l'humidité. En sus des plantations existantes conservées, cet espace en pied de murs a permis de réaliser de nouvelles plantations en pleine terre ou en pots et d'étendre la collection de plantes grimpantes qui agrémente les rues de Châtillon, labellisé Village botanique.
Le projet intègre la réfection des réseaux et la création d'un réseau séparatif pour les eaux pluviales. La topographie complexe des lieux, la configuration en impasse de certaines ruelles obligeant à traverser le domaine privé et la présence de nombreuses caves sous la chaussée ont nécessité un travail très fin de mise en œuvre et l'instauration d'un dialogue continu avec les riverains. Ce dialogue a également permis d'harmoniser le traitement des espaces privés ouverts sur la rue (les propriétaires prenant en charge financièrement la part qui leur incombait).