Dans le cadre des parcours-découverte organisés par le CAUE du Nord les 14 et 15 octobre 2017 sur le thème de « la nature paysagère d'Euralille », une visite fut suivie par un groupe constitué autour d'un atelier d'écriture associatif, Vadrouilles, animé par Brigitte Adgnot.
Voici ce que celle-ci relate de la promenade :
« Le groupe, conséquent pour un atelier d'écriture, est passé par différents états : au début de la visite, une bonne partie des participants s'est montrée émerveillée de la découverte du Parc Matisse, l'autre partie, plutôt critique a priori vis-à-vis de la politique urbaine en cours à Lille, étant déjà sur la réserve. Derborence a toutefois fait une sorte d'unanimité. L'approche sensible du Parc a progressivement été assombrie par l'omniprésence du bruit : on baigne en permanence dans une nappe sonore urbaine, sourde, qui finit par être fatigante (nous sommes restés quatre heures en extérieur dans ce secteur). Aux bruits de la circulation se superposent épisodiquement le fracas métallique du tramway, le souffle des tgv qui ne s'arrêtent pas en gare, les crissements de ceux qui s'y arrêtent.
Nous avons écrit au Parc des Géants, après un passage extrêmement apaisant par le cimetière. C'est là que nous avons entendu pour la première fois un oiseau... La majorité des textes rendait compte d'une forme d'ambivalence parfois très affirmée. Dans certaines des productions, l'omniprésence du bruit était rapportée; d'autres soulignaient l'absence de nature, ce à quoi j'ai fait remarquer que leur regard critique venait quand même questionner leurs représentations de "la nature". Je crois que c'est la formulation "Nature en ville" qui a généré ces positions. Quelques-uns se sont attachés à rendre néanmoins la vie captée tout au long de notre périple, surtout les activités humaines observées au parc Matisse ou au cimetière. On a retrouvé aussi dans l'un des textes un "fuck the context" puisque Mathilde, notre guide, nous avait parlé de Rem Koolhaas, urbaniste d'Euralille, et de son parti pris. Ceci dit, nous sommes restés plus d'une heure et demie au bar du Parc des Géants, nul ne s'est plaint de l'environnement pendant tout ce temps... Et tous étaient ravis de la séance... L'ambivalence humaine ... habituelle ? »
Cette expérience originale apporte de précieuses informations sur le vivre en ville et confirme que la nature urbaine ne se mesure pas uniquement au nombre de mètres carrés disponibles par habitant, mais qu'elle dépend des représentations que chacun porte en soi et des relations visuelles, olfactives, auditives, tactiles que les espaces de nature offrent à nos sens.
Lire aussi le poème "Parc des Géants" de Véronique Mangeot dans "Documents" ci-contre.