CAUE de l'Ain
Marqueur

Centre commercial - BOURG-EN-BRESSE (01)

Lancé dans le nord de la France, un nouveau type de commerce parvient à Bourg-en-Bresse et s'implante au contact de la rocade, à l'extérieur de la ville historique, au centre d'une urbanisation en cours de développement, la Croix-Blanche. Les critères usuels de ce type de réalisation – accès routier aisé, vaste terrain disponible, foncier peu onéreux , grande visibilité – sont ici pondérés par la présence de l'église de Brou. Le monument historique séculaire impose au monde marchand des volumes bas, des matériaux discret et un parking abondamment arboré…

Le 7 août 1975, la Commission départementale d'urbanisme commercial donne son accord à la réalisation du « centre d'animation commercial » que souhaitent réaliser conjointement l'Union des coopérateurs de l'Ain et l'Union des coopératives de supermarchés.

Ce double parrainage traduit la présence locale du puissant élan coopératif qui regroupe, d'une part, les producteurs et les industriels et, d'autre part, les consommateurs afin de protéger ceux-ci de la logique du profit capitaliste.

Sur un terrain de 44 500 m2 sont prévus une unité de vente de 4 500 m2, une unité ameublement de 1 800 m2, une cafétéria de 600 m2, des boutiques et magasins totalisant 1 870 m2 et un centre auto de 250 m2.

René Gagès signe un ensemble de volume bas qui est immédiatement remarqué pour sa qualité architecturale comme le seront notamment les centres créés à Reims et à Sens par son confrère Claude Parent pour la société rémoise Goulet-Turpin sous l'enseigne GEM. Semble alors s'engager une compétition entre les grandes enseignes par l'architecture, très vite abandonnée pour l'anonymat des grands volumes banalisés à l'extrême sur lesquels le nom de l'enseigne gagne sans cesse en gigantisme.

Ce premier centre commercial burgien présente extérieurement un puissant contraste créé entre de puissants murs de béton cannelé à la matière grumeleuse et à la teinte ocre et la légèreté des vitrines venant en saillie sur ces murailles aveugles et y déployant de fines huisseries métalliques rouge encadrant des verres filtrant noirs. Cette dialectique formelle caractérise les différentes entrées, clairement signifiées aux clients par le mouvement entrant qui ponctue régulièrement le développé des façades. Sur cette peau soigneusement et sobrement traitée, s'inscrivent les lettres, toute en rondeur, de l'enseigne : COOP. Intérieurement, l'architecte évite toute claustrophobie en ouvrant de généreux dômes vitrés aux différentes intersections des volumes. Dès 1978, l'exploitant demande d'étendre la surface de parking. Ébranlé par une crise financière nationale de l'enseigne, ce dernier doit céder 50% de ses actifs à Carrefour en 1985. Dès l'année suivante la nouvelle société accroit la surface construite de l'ensemble et en 1999 remplace le rouge des huisseries métalliques par un vert sombre.

Se souvenir qu'au milieu des années 1980 Coop possède 34 hypermarchés, 395 supermarchés, 1088 supérettes, 2239 libre service et 1567 épiceries traditionnelles et qu'elle réalise dans l'Ain plus de 3% du chiffre d'affaires du commerce, permet de mesurer la profonde transformation du paysage commercial au cours des dernières décennies. Ce constat de la concentration des enseignes de la grande distribution permet de mieux comprendre les questionnements actuels sur la reconstruction de l'attractivité des centres-villes qu'elles ont dramatiquement épuisée, sur les systèmes d'approvisionnement générant des transports à grande échelle sur de grandes distances, sur les déséquilibres alimentaires et sur l'argumentaire « des prix les plus bas » émanant de structures ayant éradiqué toute concurrence…


Etape du 2ème parcours d'architecture XXe l'Ain.
Concepteur(s) - maître(s) d'oeuvre
GAGES René
Date de réalisation (fin) :
1978
IDENTIFIANT :
40025
Mis en ligne par :
Nathalie LEQUY
Date de création :
21/08/2018
Date de mise à jour :
05/02/2021