Attribué sur concours aux architectes Chomel et Verrier en 1928 parmi treize candidatures, ce projet illustre ce moment très particulier de l'entre deux guerres, où la modernité impose intellectuellement ses formes (la villa Savoye est achevée cette année-là), mais où son adoption est souvent « corrigée » voire effacée par une composition néoclassique et par l'emploi de signes architecturaux néo régionalistes doublés d'une ornementation néo symboliste. Protégées par leur ample toiture de tuiles plates ponctuée de chiens assis, les deux façades de l'édifice consulaire tiennent sagement l'angle de la place Pierre Goujon et de la rue Joseph Bernier. C'est d'ailleurs sur cette dernière qu'est érigée la façade principale de l'édifice, de sorte qu'elle est orientée vers le centre ville, au-delà du square Joubert.
S'y remarquent trois niveaux aux ouvertures fortement différenciées, des moulures épurées, des bas reliefs et pour marquer l'entrée principale, deux colonnes. La pierre de Villereversure et les écussons des principales villes du département affirment un ancrage territorial tandis que s'inscrit dans la ferronnerie le sigle de l'institution.
Dans cette disposition, rien ne laisse réellement transparaître une organisation intérieure complexe, structurée à partir de l'événement spatial que constitue le hall monumental où se lisent la structure de béton revêtue de pierre, la céramique des sols et les pavés de verre du plafond, trois éléments signifiants de la modernité. Ce hall, où s'exposent les produits et se vantent les réalisations des entreprises du département, distribue les salles de réunion en rez-de-chaussée, la salle du Conseil et le bureau du Président à l'étage, et au second niveau, l'appartement de fonction et la bibliothèque.
C'est aussi l'entrée en modernité des deux architectes qui signeront l'aérogare de Lyon-Bron, un manifeste lyonnais de l'Art Déco malheureusement détruit, des immeubles et le tunnel de Croix Rousse à Lyon ainsi que la Chambre de commerce de Villefranche-sur-Saône, dans le même esprit d'une discrète honorabilité dépouillée de la surcharge décorative tant appréciée au XIXe siècle.
Etape du 1er parcours d'architecture XXe l'Ain.