L’historien de l’architecture, Dominique Amouroux est mort mardi, à Annecy, après un combat de plusieurs mois contre la maladie. Jusqu’au bout, il est resté lucide, animé par le désir de faire aboutir les projets d’écriture qu’il avait entamé. Tous ceux qui l’ont connu savent son enthousiasme qui le poussait à aller toujours de l’avant. Ils sont surtout réunis par l’émotion d’avoir perdu un ami sensible, généreux et fidèle. Nos pensées affectueuses se tournent en particulier vers son épouse Mihoko qui a su l’accompagner jusqu’au bout.
Dominique Amouroux est né en 1949. Il suit une formation au centre Michelet (Institut d’Art et d’Archéologie de la Sorbonne) complétée par un passage à l’ICART en médiation de projet culturel. A 25 ans il se lance avec deux autres auteurs dans un Guide d'architecture contemporaine en France1. Cet ouvrage qui est aujourd’hui encore une référence, décide de l’orientation de sa vie professionnelle. Dès lors il produit un grand nombre de livres et d’articles, participe à des colloques et anime des conférences. Travailleur infatigable, il acquiert une connaissance fine de l’architecture moderne du XX° siècle et l’importance de ses contributions n’est pas discutable. Se présentant à la fois comme critique d’architecture et historien son engagement pour la modernité est total et, de son propre aveu, résolument militant. Dominique Amouroux pensait que l’expression architecturale pouvait agir sur nos sociétés. Il aimait débattre et dénoncer tout ce qui lui paraissait ressortir d’un effet de style ou d’une agitation prétentieuse. Par-dessus tout il rejetait toute les tentatives pseudo-régionalistes y décelant le symptôme d’un appauvrissement culturel. Son intense activité éditoriale s’ancre pendant un temps en Pays de Loire. Il y côtoie les CAUE et commence avec ce réseau un partenariat qui durera plus de trente ans. Des changements dans sa vie personnelle l’amènent à s’installer à Annecy en 2009. A 60 ans, il est alors fasciné par les architectures qui jalonnent les Alpes du nord, en Suisse, Italie, Autriche… Il met sa plume au service des CAUE d’Auvergne-Rhône-Alpes et contribue à de nombreuses monographies et expositions. Il garde un attrait pour l’ensemble des disciplines artistiques. Ainsi, il assure pendant quelques années la direction de la Fondation Marta-Pan et écrit un livre remarquable consacré à Pierre Soulages2.
Dominique Amouroux était passionné, exigeant sur le sens des commandes qui lui étaient faites. Il reconnaissait sa chance de pouvoir vivre (difficilement) de ses recherches et de sa plume dans un domaine aussi étroit que l’architecture. Il nous laisse un corpus particulièrement important alors que l’architecture du XX° siècle est devenue progressivement un élément de patrimoine. En ce sens, il était un pionnier.
Pour le CAUE de Haute-Savoie, Arnaud Dutheil.
1 D. Amouroux, M. Crettol, J.P. Monnet, Architecture d’Aujourd’hui, groupe l’Expansion éd. Paris, 1972
2Pierre Soulages, de Conques à Rodez, Dominique Amouroux, Hisao Suzuki (photographies), Jean-Michel Place éditeur, mai 2023
Biblio-express
Dominique Amouroux était historien de l’architecture du XXe siècle, critique d’architecture et commissaire d’expositions. Il est publié par les Éditions du Patrimoine (Marcel Breuer, André Wogenscky, La Villa Savoye), les Nouvelles Éditions Jean-Michel Place (Le musée Soulages à Rodez, La maison-atelier de Marta Pan et André Wogenscky), InFolio (Le livre de l’école nationale supérieure d’architecture de Nantes puis Rocheteau-Saillard architectes), Imago (Pierre Prunet, héritage et création, puis Georges Pappas, trois réalisations en Anjou) et le CAUE de l’Ain (Traversées, Marc et Pierre Dosse architectes, avec Franck Delorme, Pierre Pinsard architectures profanes et sacrées et Jean-Vincent Berlottier-convictions- architectures et ouvrages d’art 1967-2008).
Pour le CAUE de Haute-Savoie dans la collection Portrait il est l’auteur d’André Wogenscky et Louis Miquel à Annecy, de Jean-Louis Chanéac formes rêvées, formes concrètes et un des auteurs de Albert Laprade et les Alpes – entre pittoresque et modernité. Il a également assuré le commissariat de l’exposition Franchir la Berge.
Il a accompagné l’Union régionale des CAUE Auvergne-Rhône-Alpes dans le développement de l’observatoire des interventions effectuées au XXIe siècle sur les édifices du XXe siècle : archi20-21.