Qu'apporte la couleur sur notre cadre de vie ?
Bien que participant à la recherche d'esthétique, pour moi, la couleur est avant tout, une réflexion fondamentale qui influence nos comportements, participe à notre développement, qualifie nos modes d'habiter. Elle se réfléchit en interaction avec nos mémoires collective et individuelle, nos goûts, notre désir de conception, d'évolution. La couleur est un signe dont le choix d'harmonie répond à un besoin de sens, habitant tantôt la lumière ou la matière elle se travaille dans une vision globale. Toujours présente, elle doit se faire oublier.
A l'échelle de la construction, le bâti s'insère dans un environnement urbain, rural, paysager et la couleur permet une intégration harmonieuse. A l'échelle de l'habitant, la couleur permet d'écrire une histoire, qui harmonise un lieu de vie commun pour le qualifier, le rendre plaisant, y inciter la rencontre, le partage. Cet espace, qu'il soit à l'échelle du quartier ou du territoire parle de l'identité d'un groupe humain, de son histoire, de ses valeurs de son envie de développement.
Comment aborde t'on la couleur dans nos règlements d'urbanisme ?
Lorsque la couleur est prise en compte dans les règlements d'urbanisme, cela permet de faire bouger la ligne du « j'aime ou j'aime pas » d'une notion personnelle vers une notion commune. C'est fédérer un groupe humain autour des valeurs collectives d'un quartier, d'une ville. Souvent, les règles restent floues, pas de couleurs vives, pas de blanc, choisir des couleurs patrimoniales, faire identique à l'existant…. Mais les acteurs du territoire manquent d'outils pour accompagner leurs intuitions personnelles. Une charte chromatique, complétée d'une formation à la couleur, permettent d'asseoir des décisions fondées, de passer la barrière du goût personnel pour entrer au service du projet dans sa dimension conceptuelle, culturelle, sociale, historique. Le dialogue avec un pétitionnaire en devient ouvert car il permet de ne pas utiliser des solutions toutes faites, mais d'écrire dans le respect du goût particulier et des besoins du collectif un dialogue constructif et vivant.
Qu'est ce qu'un étude chromatique ?
Une étude chromatique permet de décider de la coloration du bâti, à l'échelle de la ville, de la commune, du territoire. Elle accompagne le PLU par l'établissement, d'un document pédagogique, assorti d'une palette globale (couleurs des murs et des façades) et d'une palette ponctuelle (couleurs des menuiseries et serrureries). Elle s'établit après avoir analysé les couleurs permanentes existantes dans le paysage (terres, pierres) recensé les couleurs des matériaux du bâti traditionnel, et identifié la volonté identitaire (protection du patrimoine, accompagnement d'une mutation….)
Comment devient on coloriste ?
C'est un métier avec un ancrage artistique, dans mon cas une formation initiale à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Appliques et des Métiers d'Art de Paris (ENSAAMA Olivier de Serres). J'ai démarré ma carrière sur le territoire de l'événementiel, la couleur y est attachée à l'identité de marque et prends son sens dans son univers de références. Cette expérience m'a sensibilisé à la sémiologie, combiner des signes entre eux pour donner du sens et étudier la vie des signes au sein de la vie sociale. Puis un passage en archéologie où la couleur est attachée aux traces du passé, expliquer comprendre, interpréter l'histoire, et enfin l'architecture où elle se développe dans l'espace intérieur, le design mobilier, et pour finir la peau du bâtiment. Il manquait à cette palette une vision plus globale, à l'échelle du quartier, de la ville, qui m'a amené à passer un Master 2 «couleur architecture espace» en 2011. La couleur devient définitivement, une spécialité en lien avec la sémiologie.