La profondeur de la Manche au niveau du Détroit du Pas-de-Calais n'est pas très importante, avec une tranche d'eau d'environ 40m. Au cours des derniers millions d'années, le niveau marin a connu des variations importantes (l'eustatisme) directement liées au paléo-climat. En effet lors des périodes dites « glaciaires », les calottes aux niveaux des pôles recouvrent d'importantes surfaces, piégeant ainsi de grandes quantités d'eau, et faisant baisser le niveau des océans.
Au cours des derniers 800 000 ans, on considère que la Grande-Bretagne a été rattachée au continent européen 65% du temps (Fig. 2-3). Lors de certaines périodes, le niveau de l'eau est tellement bas que la Manche est totalement émergée. Les principaux fleuves d'Angleterre et du nord de l'Europe s'y rejoignent pour former le fleuve Manche (Fig. 4).
D'un point de vue structure géologique, il est remarquable de constater que la Manche a une orientation NNE-SSW alors que les structures géologiques de la région ont une orientation plutôt NNW-SSE (Fig.5), c'est-à-dire quasiment perpendiculaire à la Manche. L'anticlinal du Boulonnais, se retrouvant aussi bien en Angleterre qu'en France, en est l'illustration.
A la suite de la fonte progressive de la calotte située sur le Nord de l'Europe, un lac pro-glacière va se former, retenue par le relief engendré par la cuesta du Crétacé qui traverse la Manche. Le niveau du lac va ainsi augmenter jusqu'à son déversement de l'autre côté du relief, et l'inciser. En résultent donc des chutes d'eau, d'une hauteur estimée à une centaine de mètres, dont des reliques sont encore visibles en étudiant la bathymétrie du fond marin (Fig. 6). De telles chutes d'eaux ont créé des « plunge pool » (marmites de géant en français), c'est-à-dire des cuvettes causées par l'érosion des roches par l'eau, que l'étude par sismique a permis de mettre en évidence (Fig. 7).
Mathieu Poncelet, d'après Alain Trentesaux.