L'horizon vert dense de la Sensée constitue la limite septentrionale du Cambrésis et le lien avec le Douaisis. C'est dans cette vallée que le caractère verdoyant s'affirme avec le plus de vigueur.
Marécageuse, la Sensée est aujourd'hui une succession de bois et d'étangs - pour la plupart issus de l'extraction de la tourbe - dans laquelle le cours du canal se perd.
Rien ne fait vraiment concurrence à l'hégémonie des arbres et des eaux ; ni les bourgs, rejetés sur les coteaux et souvent pris dans les bois, ni les multiples petits éléments et ouvrages architecturaux - huttes, chalets, pontons, passerelles, vannes ...
Dans cette jungle, on ne se défait pourtant pas d'un sentiment d'artifice, suscité par l'alignement des fûts de peupliers et les berges trop franches des étangs. Si bien que la beauté de ces paysages résulte bien souvent des signes de leur dérive sous-bois surabondants des peupleraies non entretenues, chemins recouverts par les herbes, sol mou, boueux, autour d'étangs en cours d'envasement.
Vouée depuis des décennies aux loisirs des autochtones et des citadins des grandes villes voisines, la Sensée est un espace aujourd'hui en question, largement étudié. Ses ressources touristiques ne se donnent qu'à quelques heureux propriétaires, qui, en raison de l'envasement, voient leur patrimoine s'appauvrir d'année en année.
Extrait de la Trame verte, CAUE du Nord 1993