«La Scarpe occupe une plaine beaucoup trop vaste pour elle, où son cours se perd. Les paysages de la plaine sont de ceux qui ne se donnent pas immédiatement. C'est la fréquentation, la déambulation dans l'espace et dans le temps - musées, histoire ... - qui permettent d'éprouver la sacralité de ces lieux. Cette terre difficile, conquise par les paysans et les moines, est aujourd'hui encore peu habitée. Les gros bourgs abbatiaux demeurent isolés dans la plaine, tandis que sur le pourtour, les villages sont nombreux. Prairies, saules, labours, tourbières, forêts et peupleraies donnent à la plaine l'essentiel de son âme. Se promener sur la plaine, c'est pénétrer un immense labyrinthe, une architecture d'arbres et d'herbes. Dans les espaces agricoles, vous êtes au centre d'une pièce - grande dans le marais des six villes, minuscule en lisière forestière - où les murs seraient des arbres ! L'assèchement millénaire de la plaine et le développement de la populiculture* sont sans doute les facteurs majeurs de l'évolution.
*populiculture : culture de peupliers»
Extrait des Éléments de lecture des paysages du Nord, CAUE du Nord, 1993