La prise en compte du patrimoine fortifié est l'expression d'une politique culturelle qui compte les valeurs du passé dans ses préoccupations primordiales.
A Valenciennes, ville qui a beaucoup souffert des guerres et des destructions, la prise en considération du site de la Citadelle est chargée d'une volonté symbolique de trouver les meilleures solutions d'intégration et d'entretien de rares vestiges militaires et hydrauliques dans le cadre d'un parc paysager. Cette démarche s'est inscrite dans une étude globale comprenant les sources archéologiques, historiques, archivistiques, et les aspects architecturaux propres à cette problématique.
La ville fortifiée de Valenciennes voit son origine dans un castrum primitif, complété d'un Vieux-Bourg au XIe s., puis d'un Neuf-Bourg, tous deux réunis par une enceinte au XIIe s. incluant de nouveaux quartiers en cours d'urbanisation. Ce territoire fortifié fut encore augmenté aux XIVe et XVIe s. comme en témoignent les plans de Deventer. Après le siège de Louis XIV en 1677, Vauban
établit une citadelle à l'emplacement d'une ancienne redoute espagnole. L'ouvrage s'adaptant aux contraintes du site délimité par les deux dérivations de l'Escaut sera achevé en 1679. Le front faisant face à la ville est constitué de deux bastions (celui des Repenties et du Calvaire) reliés par une courtine. Le cours de l'Escaut entrant en ville était régulé par l'écluse des Repenties et aménagé en un large fossé enjambé par le pont de la Citadelle. Un batardeau permettait d'autre part d'alimenter le canal des Bruilles et un moulin. Ce sont ces témoignages de constructions militaires et d'aménagements hydrauliques qui sont aujourd'hui mis en valeur, constituant un intéressant témoignage architectural du patrimoine fortifié de la ville.
© Philippe Beaussart, Directeur du Service archéologique de Valenciennes