Notre immersion dans la commune et nos échanges avec les habitant·es ne peuvent se résumer à ces rencontres. Cependant, ces trois récits rendent compte de différents enjeux liés aux territoires de la commune :
À l’image de la poterie l’Empereur, la commune est dotée d’un riche patrimoine bâti. Cependant, ces lieux anciennement ressources de savoir-faire, sont aujourd’hui pour la plupart vétustes et vacants. Ils sont donc amenés à disparaître tout comme la mémoire collective construite autour de ses activités. Seules les personnes ayant connu ce passé se souviennent et regrettent le temps où tous et toutes affluaient dans le département pour venir acheter des poteries en grès chez la maison Maine1. En réalité, prendre en compte ce passé c’est comprendre qu’un lien à la terre était autrefois plus évident pour alimenter les artisans et industries. L’argile et le sable étaient directement extraits sur des terres de la commune, dans des argillières et sablières. Aujourd’hui, ces lieux d’extraction ont été abandonné et sont devenus des étangs. Rien ne peut laisser penser qu’ils assuraient dans le temps l’économie de Sars-Poteries.
La rencontre avec le maraîcher met en perspective ce lien à la terre en tant que médium plastique selon ses potentialités nourricière et constructible. Plus largement, le lien que peuvent entretenir les habitant·es avec leurs sols nous questionne sur leurs pratiques individuelles. Ces usages impactent les paysages, l’agriculture et l’architecture, nous le verrons plus tard. Et dans un contexte politique où l’horizon se dessine vers une limitation de l’artificialisation des sols2 et où des mouvements de luttes s’érigent en s’opposant à des projets d’aménagement qui imperméabilisent des sols, ne faudrait-il pas avant-tout porter attention et soin à ce sujet dans notre démarche ?
Enfin, le deuxième récit de rencontre met en lumière les difficultés auxquels peuvent faire face une partie de la population sarséenne, la jeunesse. Les problèmes de mobilités se conjuguent au manque d’opportunités, que ce soit en terme d’emploi, de loisirs et de formation. L’isolement et le peu de perspectives nous interroge face aux regards enthousiasmés que portent les personnes plus âgées sur la commune.
Face à ces constats, deux thématiques ont suscités rapidement notre intérêt : le sol et la jeunesse. Nous nous intéressons au sol et plus particulièrement à la terre pour ses potentialités multiples. Quant à la jeunesse, nous souhaitons proposer un projet qui lui est destiné premièrement, en accord avec ses réalités.
© Julia Prévéraud - Extrait du rapport de PFE