Philippe Tabary est ancien journaliste et ancien fonctionnaire européen à la Direction Générale de l'Agriculture.
Nota : Cette séquence audio est issue d'une table-ronde intitulée "Paysages de nature, paysages de loisirs / Pour des paysages ruraux attractifs" organisée par le CAUE du Nord à Eppe-Sauvage le 18 novembre 2017.
Afin d'introduire la rencontre et de «camper le décor», Philippe Tabary décrit les paysages des Fagnes et de l'Avesnois à travers la richesse des termes utilisés dans le territoire, faisant parfois appel à l'étymologie et parfois à l'histoire pour expliquer les logiques d'implantation. Il cite par exemple que la Fagne est issue du terme gaulois fania qui exprime l'idée de terres humides et ingrates, des fanges, impropres à la culture et que si les moines ont pu installer plusieurs abbayes dans ce territoire, c'est que le roi leur confiait ces terres difficiles à exploiter. « Le paysage qui nous entoure est l'héritage d'un combat contre la forêt. » On observe ainsi sur les peintures de Croy (XVIème siècle) que la forêt et la culture recouvraient le territoire, à l'exception des fonds de vallées, impropres à la culture, occupés par des prairies.
Il poursuit son introduction par les différents facteurs d'évolution et de transformation du paysage. A partir de 1835, avec l'arrivée du chemin de fer, se développe l'industrie plus lourde le long de la Sambre, laissant à la campagne le devoir de nourrir cette nouvelle population des villes. L'exploitation des terres se spécialise et le bocage se généralise dans les terres trop humides ou escarpées pour la culture. Les conflits, l'urbanisation, la réglementation, ... ont également contribué au changement de nos paysages. « On n'a plus les mêmes cultures, car on n'a plus la même culture », « Le paysage, qui était une nécessité avant, devient un produit de consommation ».
Il rappelle enfin que le bocage, mot qui n'existe que dans la langue française, est une image de marque pour ce territoire. Il doit l'utiliser pour le développement touristique, mais également pour son économie, qui tire profit de l'augmentation de la vente directe et rapatrie la valeur ajoutée qui part essentiellement vers les centrales d'achat et le négoce.