Troisième prix "À rez-d'estran"

équipe 31 - AYO!

La baie du Mont-Saint-Michel est un territoire en mouvement. Depuis sa création, il y a environ 9 000 ans, elle n’a de cesse d’évoluer entre érosion, sédimentation, hausse et baisse du niveau des mers. Les activités et implantations humaines le long de ses rivages se sont adaptées au fil des siècles à une géographie changeante. L’évolution du village de Genêts en est un parfait témoin. 

A l’horizon 2100, l’augmentation de 1,8 m du niveau de la mer ainsi que les phénomènes d’érosion, de remontées de nappes et d’augmentation du gradient de salinité concerne l’ensemble du littoral genestais. La remise en cause de bâtiments et/ou d’activités touristiques, agricoles, résidentielles, économiques et patrimoniales sont l’occasion de s’interroger sur leur devenir. 

C’est ce que nous proposons en construisant un projet qui accepte et tire parti de la submersion, organise une recomposition des entités impactées. Nous envisageons alors la submersion comme l'étalement d’un nouvel estran. Et donc de déconstruire la peur qu’elle peut engendrer, tout en ne négligeant pas son impact sur les enjeux bâtis et économiques. 

Ainsi, à l’échelle territoriale, le projet vise à une maritimisation progressive des terres agricoles, faisant évoluer les modes de cultures actuels vers des cultures halieutiques, notamment celles des algues. Les activités installées au niveau du bec d’Andaine sont re-localisées sur la place des Halles. De nouveaux itinéraires pédagogiques viennent valoriser ces transformations du territoire. 

Au niveau du bourg, le projet vise à l'élargissement de l’embouchure du lerre : par le déconstruction partielle de certains bâtiments situés sur le port ainsi que par le désaménagement des fonds de jardins. Le sentier littoral, rehaussé, permet de cheminer par fortes marées. Son glacis planté joue un rôle de brise-lame et limite la submersion et les chocs mécaniques sur le bourg. La place des halles vient ponctuer son cheminement, en proposant escales et festivités annuelles. 

Au niveau de la grand-rue, une adaptation du bâti et des espaces publics proposent de nouvelles manières d’habiter, avec les risques. La partie basse de la Grand Rue devient une rue dans l’estran. Les rez-de-chaussée des bâtiments sont partiellement déconstruits. Grâce à de larges frangements, le front bâti devient poreux pour ne pas entraver la circulation hydraulique à marée haute. A marée basse, les rez-de-chaussée sont des espaces communs appropriables. Les étages sont recomposés en hébergements « insolites ». La criche centrale assure l'infiltration des eaux pluviales et le ressuyage. Aussi, elle permet de faire la part belle aux mobilités douces. 

Notre posture pour accompagner cette mutation passe par l’élaboration d’une culture du risque. Plus encore, un programme de médiation doit être mis en place pour sensibiliser les acteur·ices et les habitant·es de la commune mais également s’appuyer sur leurs propres connaissances, organiser une participation citoyenne sans laquelle le projet de recomposition ne peut s’effectuer. Deux “maisons du projet” structurent et motivent ces transformations : celle des marais et celle du bourg-estran. 

Auteur(s)
Ryad SOREEFAN
Damien VERSTAEN
Cédric BHOYROO
Étienne RAYNEAU
Amélie ALEXIS
Fabio PREVITALI
Date de publication
01-12-2023
Outils de conseils :
Non
Outils de découverte :
Non
IDENTIFIANT :
75017
Mis en ligne par :
Marion GOBIN
Date de création :
09/04/2024
Date de mise à jour :
26/06/2024