Mutation permanente

Post participatif de M. REMI TASTET
Lorsque j'ai importé ma photo après le rendez-vous donné par la CAUE le 27 août 2022, par curiosité, j'ai consulté Google street pour identifier les anciens clichés de la même vue. J'ai constaté que cette portion de la tentaculaire porte Dauphine était déjà en travaux plus de deux ans auparavant en juillet 2020. Pas étonnant que les parisiens aient l'habitude de dire que leur ville est en permanence en travaux ! Il faut l'admettre qu'entre le renouvellement des conduites de gaz, des câbles électriques ou de la signalétique et les divers travaux de voirie, Paris est un perpétuel chantier. Cette photo, prise devant l'un des trois derniers modèles 1900 de bouche de métro "libellule" d'Hector Guimard, m'a paru un exemple typique des pressions que subit la capitale : pression climatique avec des végétaux souffrant énormément de la sécheresse offrant au regard un aspect cramé ; pression des incivilités avec des déchets amoncelés et des sacs poubelles sur le sol ; pression technique avec la nécessaire adaptation et le remplacement des infrastructures laissant parfois des matériaux temporaires s'inscrire durablement dans le paysage, comme ce poteaux à socle béton ; pression des usages avec les mutations liées à la transition du tout voiture vers des mobilités plus douces (suppression de places de parking, apparition d'un scooter en "free floating") et enfin pression sociale et économique, dont témoignent ces deux utilitaires blancs décatis (l'un hors champs) qui hébergent probablement dans la précarité, quelques trafics ou activités tarifées habituels aux abords du bois de Boulogne. C'est aussi ça le Paris de 2022, une ville millénaire qui cristallise toutes les transformations et les contradictions de nos sociétés en nous les montrant dans leur grande complexité.
IDENTIFIANT :
64292
Mis en ligne par :
REMI TASTET
Date de création :
28/08/2022
Date de mise à jour :
29/08/2022