Le Ville et la guerre de l'embrasement bosniaque à la lutte tchétchène, de nombreux conflits récents ont redonné toute son actualité au rapprochement de ces deux ordres de réalité. Tandis que le rôle de la ville se réduisait à la fonction d'otage passif à l'époque où la dissuasion nucléaire battait son plein, Beyrouth, Sarajevo, Grosny marquent le retour des sièges et des combats de rues, des bombardements et de la résistance urbaine. Encore difficiles à imaginer aujourd'hui dans un pays comme la France qui n'a pas connu de conflit sur son sol depuis un demi-siècle, ces événements n'en incitent pas moins à s'interroger sur les modalités de défense de nos cités. L'histoire de la ville et de la guerre, de la ville et de sa défense, permet d'éclairer du même coup la genèse de la France moderne et l'évolution de ses structures administratives et politiques. Cette histoire est aussi celle des défenseurs successifs de nos villes. Au cours des deux derniers siècles, les relations entre ville et guerre reflètent par-dessus tout la lente maturation des idéaux de démocratie et de citoyenneté. C'est cette histoire complexe et les traces qu'elle a laissées, traces assimilables à un héritage, que ce livre entend explorer sur la longue durée.