Les matériaux des murs

Matériau difficile à exploiter puis à transporter, la pierre à bâtir des maisons rurales est autrefois extraites au plus proche du bâtiment à construire dans de petites carrières à ciel ouvert.

Ainsi une maison ancienne exprime toujours la géologie locale : dans la Manche, les formations anciennes du massif armoricain dominent avec des matériaux très différents : divers granites, des schistes, des poudingues, du grès armoricain ou encore le calcaire de Montmartin. Au nord-est du département, se rencontrent des formations calcaires plus récentes comme la pierre de Valognes et celle Sainteny.

 

Lorsque la pierre utilisée est imperméable et soigneusement appareillée, le mur ne demande pas d’enduit.

Par contre, les murs construits avec des matériaux de qualité médiocre nécessitent la pose d’un enduit protecteur, capital pour la survie du parement extérieur du mur. Autre mode de protection, le bardage de façades avec des essentes de bois existe depuis le Moyen Âge.

Seuls les chaînages d’angle et les encadrements des ouvertures présentent des pierres de taille dressées sur une ou deux faces. Vers le milieu du XIXe siècle, les progrès techniques dans l’extraction et la taille de la pierre entraînent l’apparition dans les maisons de moellons plus rigides, dressées sur leurs six faces.

 

Lorsque la pierre locale ne permet pas de produire des pierres de taille, il en est recherché à quelques distances de la maison en construction pour réaliser les chaînes d’angle et les linteaux. S’il faut aller trop loin ou si le constructeur n’a pas les moyens financiers, on se tourne alors vers des linteaux en bois surmontés parfois d’un arc de décharge en pierre locale.


Si aucune pierre n’est exploitable ou encore pour construire les bâtiments de l’exploitation à moindre frais, il est utilisé d’autres matériaux comme la terre dans les marais appelée « mâsse », les pans de bois recouverts ou non de torchis dans le sud de la Manche ou encore la brique près des zones de production.

Cependant, beaucoup de bâtiments agricoles, dans les secteurs non dépourvus de pierre, sont construits en terre, à moindre frais, puisque tout le monde, en milieu rural, sait « massacrer » l’argile, la malaxer en y mélangeant de la paille hachée pour construire les murs en « mâsse » en couches horizontales. De plus, pour les greniers la terre est un meilleur régulateur de la température et de l’humidité que la pierre.

Une autre technique de construction en terre, dans les régions de Coutances, Saint-Lô et la Haye-Pesnel, est de préparer des mottes rectangulaires d’argile et de fibres végétales dénommées « gazons », puis de les monter à plat ou en oblique par assises successives.


Dans beaucoup de maisons rurales de la Manche, le haut des murs en pierre, protégé de la pluie par le débord de toiture, est construit en argile, plus facile à mettre en œuvre et plus économique que la pierre. Il correspond le plus souvent au changement de pente engendré par le passage de toitures en chaume aux toitures en ardoise à pente plus réduite.


Pour les dépendances agricoles qui peuvent être sommairement protégées de la pluie, il est d’usage aussi d’utiliser en bardage des murs des chutes de sciage, les « dosses ».

IDENTIFIANT :
56971
Mis en ligne par :
Zurab JAVAKHIDZE
Date de création :
02/06/2021
Date de mise à jour :
16/07/2021