Avec ses six équipes lauréates choisies parmi soixante et une candidatures, l'édition 2020 du Palmarès des jeunes urbanistes conforte l'effervescence et l'engouement que suscite la démarche de soutien aux jeunes professionnels, portée par le ministère en charge de l'urbanisme. Le sextette retenu frappe par la diversité des profils, embrassant tous les champs d'action de l'urbanisme : architectes (FCML) et paysagistes (Altitude 35) côtoient des collectifs ancrés dans la sphère de l'urbanisme transitoire (Bellastock, Yes We Camp), des stratèges urbains aguerris (Le Sens de la ville) et une conceptrice qui a fait de la permanence architecturale et urbaine son mode d'action privilégié (Sophie Ricard).
Tous ont assimilé le caractère peu soutenable de notre modèle de développement et pris acte de la standardisation et de la banalisation des territoires ? ; tous ont fait leur la posture transdisciplinaire de l'urbaniste et ont compris l'exigence d'être à la fois médiateur, détenteur d'un savoir-faire et embarqué sur un terrain d'action politique. Leurs réponses tendent à bousculer les barrières mentales et les mécanismes "? en silo ? " de la fabrication et de la gestion des villes et passent par des démarches empiriques et expérimentales à la recherche de nouveaux outils et de nouvelles méthodes de projet.
Il s'agit non pas de bâtir à tout prix mais d'accompagner le processus lent de la transformation d'un lieu, d'en dénicher la singularité - fondée sur la puissance de sa géographie, de son paysage ou des liens sociaux qui l'animent -, de se poser la question de sa "? mise en usage ? " , du réemploi des matériaux, de l'économie circulaire... bref de mobiliser tout ce qu'il est nécessaire et possible pour changer l'organisation collective de nos quotidiens.
Façonner des terrains d'entente pour faire société. Si la conception d'un projet paysager peut être connue et documentée, il n'en va pas de même de ses transformations sous l'action du temps. C'est dans ce vide critique et analytique que s'inscrit cet ouvrage. S'ouvrant sur le récit d'un projet qui permet de se familiariser avec la production ordinaire d'un espace public, il se poursuit par sept études de cas qui illustrent chacune un item d'une grammaire de l'altération : la ruine, l'île, le socle, la fondation, le bois, le germe et le pôle.
Grâce à l'exposition d'un cadre théorique susceptible de hiérarchiser cette série de données, l'auteur révèle comment, à travers l'altération, les dynamiques internes du terrain initial reconfigurent l'espace aménagé. Comme si, par le flux et le reflux du projet, c'était finalement le site qui advenait à lui-même. Le projet de paysage peut donc, par ses errements, devenir le vecteur d'une écologie concrète de l'espace habité comme support d'une nouvelle théorie critique de l'espace public.