Quelques années à peine après avoir réalisé le Crève Coeur pour Maurice Nachury, Jean Poupon se voit confier le second projet de tour dans le centre-ville de Bourg, celle du parc de la Reyssouze, haute de 15 niveaux. Elle est censée rivaliser avec celle que ce même Nachury et l'architecte Jacques Perrin-Fayolle projettent d'édifier au pied de la maternité Pélican. Ni l'une ni l'autre ne verront le jour mais donneront naissance à deux réalisations marquantes.
Architecte des projets puissants qui se projettent ou se rêvent dans l'esprit des promoteurs burgiens d'alors, Jean Poupon reçoit la commande de cet immeuble, pris entre le nouveau boulevard Saint-Nicolas, le bras de la Reyssouze et le Parc Saint-Nicolas. Les deux ensembles résidentiels sont mis en chantier presque simultanément.
L'architecte affirme la verticalité de l'ensemble haut de 10 et 12 étages, mais évite tout effet de masse en fragmentant les appartements en deux groupes, séparés par un noyau transparent de circulations verticales où les escaliers voisinent avec l'ascenseur. La démarche de l'architecte s'apparente à celle du sculpteur dans ce travail de mise en relation juste de deux masses, non par le vide mais par un troisième élément d'une volumétrie et d'une matière différentes.

Comme souvent dans les réalisations de cette époque, ces masses à la géométrie aussi simple que puissante captent ou repoussent le regard. Cependant, une observation plus attentive permet de noter le soin ici apporté au vocabulaire et aux détails : légère saille des balcons, juste profondeur des loggias, transparence du hall d'entrée, liaison entre immeubles et circulations assurée par des pavés de verre, alternance de vues larges et de vues filtrées dans les escaliers, gestion réfléchie de la différence de niveaux entre le volume proche du boulevard et celui jouxtant le bras de la rivière.
Couronnement incontournable, le disque de béton en lévitation au-dessus du toit terrasse prend la valeur d'une véritable ode à l'élan des années 1950 tout en adressant un signe complice au petit jardin lové dans le coude du bras d'eau canalisé.

Constitué en figure de proue du nouveau quartier compte tenu de son implantation sur le boulevard, L'Horizon apporte un contre-point visuel aux volumes étirés du Parc Saint Nicolas et de l'Arc-en-Ciel. Comme ce dernier, il enterre les garages : constitués en socle, ceux-ci permettent ici de radicaliser la rupture de pente entre boulevard et bras d'eau. Mais, à la différence de ses deux voisins, il propose quelques locaux commerciaux en rez-de-chaussée intégrés dans ses volumes et n'extériorise pas le logement du gardien.


Etape du 2ème parcours d'architecture XXe l'Ain.