Médiathèque, Meurchin (59)

Le nouveau pôle multiculturel prend place sur la place Jean Jaurès, un lieu de vie centrale de la commune de Meurchin autour duquel sont regroupés l’hôtel de ville, les écoles communales, la salle des fêtes, la poste et, en arrière-plan, l’église Saint-Pierre.

L’église Saint-Pierre, bien que située en arrière-plan de la place, a une forte présence sur cet espace. Le projet s’implante sur une parcelle extrêmement étroite, le long du mur de clôture du cimetière sur lequel il s’adosse. Le site est mitoyen, au Nord, avec un bâtiment municipal qui accueille notamment le bureau de poste.

Notre démarche vise d’abord à fabriquer la ville et son urbanité. L’urbanité, c’est la capacité du bâtiment à s’insérer dans son environnement urbain, à être «aimable» avec les édifices et les lieux qui l’entoure de près ou de loin - pas de le sens «d’être pareil» ou de « se fondre dans », mais dans l’intention de « trouver des relations avec ». L’urbanité recouvre des notions comme le paysage urbain et végétal, l’espace public, la place, la rue, le trottoir, la mobilité par rapport au territoire, l’accessibilité, les réseaux, les transports, la périphérie, la centralité, le quartier, l’îlot, la parcelle, la densité, la diversité, la mitoyenneté, le rapport public/privé, la vue, la façade, le rapport plein/vide, etc.

La modernisation des services et des équipements liés à la culture pour les habitants est un enjeu important pour la commune. Placer l’établissement au centre de la vie de la commune montre la détermination de la commune à investir vers l’avenir. La construction du nouveau centre pluridisciplinaire de Meurchin est donc un acte culturel fort à plusieurs titres : il permet de doter la communauté d’un outil performant lié à la culture dans tous les domaines et au service du public, et il favorise ensuite l’aménagement de la place Jean Jaurès sur son flanc Ouest, un site privilégié dans la commune.

Nous ne dissocions pas ces trois termes : la culture, l’urbanité paysagère et l’architecture sont des acteurs éminents de la ville. Habiter ce lieu et affirmer la présence du centre pluridisciplinaire dans ce site tout en résolvant des questions d’urbanité et de relations avec le paysage et les équipements voisins, sont de véritables enjeux à révéler. Ici, il faut raisonner en termes de paysage architectural ou d’architecture paysagère pour comprendre les futures qualités du lieu.

La stratégie d’aménagement que nous proposons à travers ce projet permettra aux trois entités (médiathèque, salle multifonction/école de danse et école de musique) d’être distinctement identifiées dans un même bâtiment tout en bénéficiant d’accès, de fonctionnements, d’ organisations et gestions à la fois propres et mutualisées.

Dans un premier temps, nous avons cherché à minimiser l’impact du bâtiment par rapport à l’église et à prendre en compte et souligner la relation privilégiée qui existe entre la place Jean Jaurès et l’église Saint-Pierre, tout en assurant une présence et un accueil vis-à-vis de la place. Une fenêtre urbaine est ménagée au droit du transept de l’église afin de ménager cette relation.

Le bâtiment se décompose en trois volumes, trois séquences représentant chacune des entités spécifiques du programme :

Le volume le plus au Nord s’appuie sur le bâtiment de la poste. Il est entièrement vitré et se place dans l’alignement du bâtiment de la Poste pour fabriquer une façade parallèle à celle de la Marie. Il reçoit l’accueil et la médiathèque. Il est la vitrine de ce nouvel équipement. Ce volume transparent laisse apparaître en arrière-plan un jardin duquel émerge l’église Saint-Pierre. Le jardin permet de dégager une vue sur l’église depuis les espaces de lecture et pourvoir les utilisateurs d’un lieu extérieur et clôt dont il sera bon de profiter aux beaux jours.

Le second volume, plus imposant, est, quant à lui, décalé vers le sud de manière à laisser place au jardin cité ci-dessus et à préserver une vision dégagée du transept de l’église depuis la place. Ce corps du bâtiment accueille, sur deux niveaux des fonctions demandant un retrait et/ou un isolement nécessaire par rapport au public. On trouvera donc au rez-de-chaussée l’atelier et la ludothèque de la médiathèque, les sanitaires publics et les locaux de l’école de danse. L’ancien garage est conservé et annexé pour y placer des fonctions techniques. A l’étage, les locaux de l’école de musique. Ce second volume a, contrairement au précédent, des façades «pleines» (constituée principalement de parois maçonnées). La façade donnant sur la place est désaxée pour s’orienter vers l’hôtel de ville et la rue Emile Basly (voie d’accès de la place) et limiter la présence du pignon à côté du transept de l’église. Cette façade se prolonge à l’intérieur du rez-de-chaussée pour marquer la limite et la différenciation de statut entre les différents espaces.

Le troisième volume, le plus au sud, est également plein et a une hauteur intermédiaire aux deux volumes précédents. D’une hauteur raisonnable et similaire à la façade de la salle des fêtes, il cadre le passage vers le nouveau parking à l’arrière de la salle des fêtes. Sa façade également désaxée ouvre, quant à elle, la vue vers le paysage lointain et sur la cime des grands arbres au-delà du cimetière.

Il accueille la salle multifonction. C’est donc un espace polyvalent qui accueillera des cours de danse, des expositions, des projections, des pièces de théâtre, etc. Il est donc techniquement équipé en conséquence.

Pour la mise en forme du projet, les espaces d’accueil et des trois entités du programme se veulent simples, tout en permettant de nombreuses possibilités de liaisons entre les unités fonctionnelles et leurs évolutions possibles. Chacune des trois entités peut fonctionner lorsque les autres sont fermées. Le dispositif de volumétrie mis en place permet de dissocier les espaces accessibles aux publics des fonctions nécessitant un accès limité au personnel de l’établissement et aux usagers des écoles de danse et de musique, par exemple. Les espaces largement vitrés sont ouverts aux publics et vers la place. Les espaces fermés sont ont des accès limités.

Le bâtiment doit être plaisant au toucher. La façade doit donc avoir un degré élevé de tactilité. La texture est le meilleur moyen d’y accéder, non seulement pour le toucher mais aussi pour l’œil. La texture doit ensuite correspondre avec la nature même de l’édifice. Le grain de la peau et la rugosité de la maçonnerie apporte un aspect narratif à la façade. Manifestement, une façade doit être étanche et robuste, ou encore brillante, monotone, rugueuse, saillante, rêche ou laineuse. Ces propriétés de la façade peuvent être directement senties et vues de manière plus ou moins importante sous l’effet de la lumière, de la pluie et des ombres et lui souligner la personnalité et le caractère du bâtiment. La nature de la texture raconte une histoire et influence notre première impression de l’édifice.

L’ensemble des établissements publics présents autour de la place Jean Jaurès ont été réalisés en briques.

Le projet ne déroge pas à cette règle et, les façades du centre pluridisciplinaire sont également réalisées avec ce même matériau qui apporte toutes les nuances attendues tout en dialoguant avec ses voisins. C’est néanmoins la contemporanéité de l’architecture qui est ici sublimée. L’écriture des façades mono-matières contrastent - sans pour autant dénoter - avec son environnement bâti.

Comme décrit précédemment, les façades des fonctions ouvertes au grand public sont entièrement vitrées. Le caractère lisse et transparent des surfaces vitrées du hall et de la médiathèque contraste donc naturellement avec la rugosité des parois maçonnées.

Le projet est donc à la fois un bâtiment, une sculpture, un objet qui saisit le paysage alentour et le cristallise.

Mais c’est aussi un conteneur culturel qui regarde avec attention les qualités du site.

Le centre pluridisciplinaire est à la fois ouvert sur la ville, sa place et son église. Il est également fermé sur lui-même, préservant des poches d’intimités propices aux activités qu’elle accueille.


© WONK Architectes Categorie 2 - Construction Neuve

Beffrois de la création 2015

Maître(s) d'ouvrage
Ville de Meurchin
Concepteur(s) - maître(s) d'oeuvre
WONK Architectes
Date de réalisation (fin) :
2015
Surface(s) : 752772m²
surface : 752772
Programme :
MEDIATHEQUE : Salle de lecture, Atelier Groupe, Ludothèque, Bureau, Réserve. SALLE MULTIFONCTION : Salle polyvalente, Régie, Vestiaires, Rangement. ECOLE DE MUSIQUE : 4 salles de répétition, bureau. COMMUN & TECHNIQUE: Sanitaires, Cuisine, Locaux techniques
IDENTIFIANT :
17494
Mis en ligne par :
Vianney HAEUW
Date de création :
04/09/2015
Date de mise à jour :
10/10/2022