Un paysage est dynamique, il n’est jamais figé et a toujours évolué au cours des siècles.
Ainsi, le bocage normand, qui constitue le principal paysage de la Manche, n’a pas toujours existé.
Les récents travaux des archéologues montrent qu'une structure bocagère est apparu dès la Protohistoire, lorsque l'homme à commencé à se sédentariser et à cultiver la terre. Après une période de recul des espaces cultivés, la fin du Moyen Âge voir s'engager la reprise des défrichements et de l'embocagement.
Son organisation s’achève au début du XIXe siècle, dernière période de défrichement et de mise en culture. Avec le partage des landes seigneuriales, il semble d’autant plus nécessaire d’affirmer sa propriété par une limite matérialisée de haies, que ces espaces avaient été pendant des siècles des terrains de pâturage collectif.
Jusqu’au milieu du XXe siècle, les arbres de ces haies sont entretenus : pour préserver l’avenir, l’agriculteur conserve des jeunes sujets à côté de plus anciens ; les basses branches des arbres de haut-jet sont taillées régulièrement pour produire des fagots et du bois de chauffage et du bois d’œuvre, ce sont les « émondes ». Dans les zones humides, les saules et les frênes sont traités en « tétards » aux silhouettes bien caractéristiques.
Aujourd’hui, cette dynamique peut apparaître souvent négative du fait de l’absence de prise en compte de ses éléments structurants par pur intérêt économique et banalisation des aménagements et des matériaux, mais aussi du fait de sa vitesse de transformation, conséquence des moyens mécaniques d’aujourd’hui.
Ainsi dans les 50 dernières années sont apparues des entrées de villes banalisées, des affichages publicitaires anarchiques, des lotissements et des zones artisanales non intégrées, un arrachage des haies pour élargir les parcelles, l’apparition de grands bâtiments d’élevage trop présents, l’abandon ou la dénaturation de l’habitat ancien, une évolution du trait de côte, etc.
Mais heureusement d’autres évolutions sont très positives : replantations de haies suite à une prise en compte de leur intérêt, mesures réglementaires limitant le mitage de l'habitat et l'artificialisation des sols, disparition des décharges sauvages, entretien des cours d’eau, restauration de maisons anciennes, colorisation de façades, greffe de quartiers neufs, préservation des milieux naturels par le Conservatoire du littoral, le SyMEL et les Espaces naturels sensibles en partenariat avec des associations de défense de l'environnement, intérêt de plus en plus important de la population pour le patrimoine, création de sentiers et de sites de découverte, etc.).
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