Le contexte du Projet
Le long des voies de chemin de fer, le site du Centre de la Citadelle a été utilisé durant plus de 80 ans pour l’entraînement au tir par le 23ème RI de Bourg-en-Bresse. En 1993, le site militaire est transféré sur le site de la Valbonne et devient propriété de la ville. Il reste intact jusqu’à sa vente en 2016. Le projet de restructuration de l’ancien stand de tir militaire de la Citadelle à Bourg en Bresse revendique le caractère patrimonial d’un existant appartenant au patrimoine ordinaire du XIXe siècle et au paysage quotidien des Burgiens. Ainsi, le projet s’appuie sur une lecture sensible de l’existant et, dans un soucis de réversibilité, propose de s’inscrire sans modification majeure dans l’enceinte existante. L’objectif est d’offrir à un patrimoine ordinaire la capacité à répondre à des usages et des enjeux contemporains. Le tout sans déflorer sa force ni son essence.
Regard critique, le choix de la conservation
Dans ce sens, l’enceinte existante du bâtiment se composant d’ancien mur des bastions de la ville a été conservée. Seul un mur, quant à lui construit en mâchefer et jadis percé pour permettre le tir, a été détruit. Le seul objectif était d’ouvrir le bâtiment pour permettre l’accès et la réalisation des travaux. L’outil démolition est ainsi utilisé avec attention et à minima. Les toitures existantes en béton, construites de poutres transversales et dalle mince, couvrent le bâtiment. Elles s’interrompent ponctuellement pour laisser la lumière naturelle éclairer les exercices de tir. L’ensemble est conservé, isolé et étanché en surface permettant notamment à l’usager de se saisir d’une atmosphère singulière faite d’impact encore perceptibles.
L'adéquation heureuse entre patrimoine et usages
Au sein du Centre de la Citadelle, les espaces s’organisent au regard des exigences programmatiques : accueillir un cabinet médical orienté sur les techniques d’activation de la conscience, un centre de formation autour des mêmes pratiques et un atelier d’architecture. Le cabinet médical qui requiert un accès visible, public et facile s’installe au nord. Il fait front aux stationnements après que le mur de mâchefer ait été démoli. Ses espaces de consultations et d’attente sont éclairés naturellement grâce aux patios ménagés à l’endroit des écorchés pré-existants en toiture. En façade Est, l’unique porte jadis utilisée pour accéder aux cibles, donne maintenant accès à un patio luxuriant de végétation. Cette pièce "dedans-dehors" éclaire et distribue d’une part l’agence d’architecture organisée sur deux niveaux et d’autre part les espaces de formations, eux-mêmes connectés au cabinet médical. Ainsi, les vis-à-vis dans les patios sont l’occasion d’un vivre ensemble heureux sans qu’ils nuisent au travail ni à l’intimité.
Des matérialités contrastées au service d'une poésie du lieu
Les nouvelles façades glissées au droit des patios en complément des murs de pierre existants sont légères et réversibles. De type "mur rideau » d'aluminium anodisé naturel et de verre, elles procurent un contraste saisissant entre la brutalité de la pierre et le velours de l’aluminium. Les passerelles qui franchissent la végétation des patios ainsi que l’unique porte d’accès Est sont en acier brut. Des clôtures, permettant de fermer le site sont composées de couteaux verticaux en acier brut et d’un remplissage en aluminium anodisé naturel dont les perforations aléatoires au calibre des munitions utilisées à l’époque, permettent une forme de porosité visuelle entre la rue et la cour. Cette présence métallique, au-delà de l’évocation sémantique à l’armurerie jadis présente sur le site, entre également en résonance avec la voie ferrée à proximité, ses caténaires, ses grincements, et autres crissements et confère ainsi au Centre de la Citadelle une atmosphère sonore poétique reconstruite.
