Lorsque la nouvelle Poste centrale est inaugurée, cela fait soixante-quatre ans que le téléphone est présent à Bourg-en-Bresse. Dès février 1900, l'administration des Télégraphes procède à l'établissement d'un réseau téléphonique de deux lignes partant du bureau de poste de l'avenue Alsace-Lorraine. La première gagne les routes de Lyon et boulevard Voltaire jusqu'à l'usine à gaz. La seconde se dirige vers le bas de la ville et Brou. Le mois suivant est mise en place la première cabine téléphonique publique implantée dans le grand hall de cette même poste.

Dès la fin de la seconde guerre mondiale les évolutions des deux activités s'accélèrent. Des signes le traduisent aux yeux du public : les 2 CV Citroën sont mises à contribution pour effectuer les tournées postales l'oiseau flèche symbolise le messager porteur de nouvelles ; les boîtes aux lettres se couvrent de jaune en 1962 et le code postal entre en usage en 1965. Huit ans après l'inauguration de la nouvelle poste principale de Bourg-en-Bresse, en 1972 le tri du courrier est automatisé grâce à l'adoption du code postal à cinq chiffres.

Ce contexte de mutation du volume des objets et des communications traités et des techniques utilisées rend obsolète le bâtiment néo-classique de l'avenue Alsace Lorraine et entraîne la programmation d'une nouvelle construction dont Louis Arretche reçoit la commande. Architecte conseil des PTT, Louis Arretche connaît particulièrement bien le programme de ce type d'édifice et possède l'expérience de l'insertion d'édifices publics dans un contexte urbain. Néanmoins, entre 1956 lorsqu'il reçoit la commande et 1962 où est déposé le permis de construire, il étudie successivement huit projets. L'évolution des techniques et l'expansion des réseaux qui comptent alors 12 000 abonnés, la place plus ou moins conséquente accordés aux équipements sociaux et aux locaux syndicaux, la présence ou non de logements de fonction, l'évaluation fluctuante du nombre d'usagers qui fréquenteront les espaces accessibles au public, le dégagement éventuel de l'îlot contigu sont à l'origine de modifications incessantes du programme sur lequel travaille l'architecte. C'est finalement une ample façade courbe, dont les percements ne laissent que discrètement percevoir les fonctions qu'ils éclairent, qui sera retenue. Elle est revêtue de pierre agrafée légèrement smillée. L'édifice reçoit une couverture en inox.

Par son plan, sa faible hauteur et son matériau de façade, la Poste dialogue à distance avec la maternité.


Etape du 1er parcours d'architecture XXe l'Ain.