Chaîne des Monts de Flandre (59)

Cette chaîne de collines qui s'étend d'ouest en est, de Watten à Kemmel culmine à moins de 200m mais constitue néanmoins un relief très marquant dans le paysage.


La formation de ces monts s'explique par les phénomènes de régressions marines qui déposèrent sables et argiles pendant des millions d'années sur une épaisseur estimée de 250m.

Après que la mer se soit définitivement retirée, les sables et argiles font surface.

Les ruisseaux, rivières et fleuves se mettent à éroder cet ancien fond marin sur une profondeur de 100m. L'altitude de tout le pays diminue.

Dans les lits des rivières, l'eau amène de l'oxyde de fer qui se mélange avec le sable et les galets de silex arrachés à la craie du rivage de l'Artois.

Ces composants forment alors le gré ferrugineux capable de résister à l'érosion. Des bancs de sable résistent, protégés par les couches de grès qui forment un chapeau protecteur. Leurs altitudes se maintiennent alors qu'autour l'altitude du pays continue à baisser.


DU FLEUVE AU MONT


Une géologie commune


I. L'histoire commence à l'ère tertiaire. C'est l'époque où les Pyrénées, les Alpes et le Jura apparaissent. Ces émergences montagneuses provoquent alors un plissement sur l'ensemble du territoire du nord de la Loire. Les Ardennes se surélèvent et les dernières ondulations du plissement se terminent dans les « collines de l'Artois ». La craie présente sur toute la surface de l'Artois, s'enfonce alors, à la frontière entre l'Artois et la Flandre, sous une couche d'un autre type: l'argile des Flandres. Ce n'est que dans le Jutland au Danemark que la craie refait surface. La Flandre trouve donc sa limite là où la craie s'arrête. Cette dépression de la craie crée alors un bassin nommé « bassin Bruxellien » ou « bassin anglo-flamand ».


II. C'est alors que la mer entre en action. Elle remplit naturellement le bassin et dépose environ 140 mètres d'épaisseur d'argile (40 mètres d'un type d'argile verdâtre nommé « argile de Louvil », 100 mètres d'argile bleu en partie inférieure et jaune foncé en partie supérieure nommé « clyte » ou « argile Yprésienne ») et 100 mètres de sable.


III. A la fin du Crétacé (vers -65 Ma), la mer se retire. Les argiles et les sables refont surface. Il s'y développe alors une végétation tropicale sous un climat chaud.


IV. A la fin de l'ère tertiaire (-55 Ma à -35 Ma), la mer effectue des allers-retours vers l'intérieur du bassin. Elle va cette fois déposer 250m de sables et d'argiles. Ce mouvement marin arrache des morceaux de silex présents dans la craie du rivage de l'Artois. Ces morceaux se déposent dans le sable au fond de la mer à proximité de la côte.


V. Au début de l'ère quaternaire (vers -35 Ma), la mer se retire définitivement. Se met en place alors le phénomène de l'érosion. Un réseau puissant de ruisseaux, de rivières et de fleuves se mettent à éroder les sables et les argiles de l'ancien fond marin sur une profondeur estimée d'au minimum 100m. C'est tout le pays qui baisse d'altitude.


VI. Vers -5 Ma, dans les lits de rivière, l'argile est parfois complètement écoulée. L'eau se met alors à amener de l'oxyde de fer (en fin de solution) provenant des Ardennes. Quelques-uns de ces oxydes sont retenus sur place et se mélangent avec le sable et les galets de silex arrachés de la craie du rivage de l'Artois. Ces trois composants forment alors le « gré ferrugineux » capable de résister à l'érosion. Des bancs de sable résistent, protégés par les couches de grès qui agissent comme un chapeau protecteur. Leurs altitudes se maintiennent alors qu'autour l'altitude du pays continue à baisser.


Les Monts de Flandre sont nés.


Clément Terrier - CAUE du Nord