Un événement organisé par VAD
Rappel du programme
9h30-11h : Visite commentée
chantier de réhabilitation d’une maison de ville mitoyenne, avec surélévation, mur en pisé, bois local, à Crest, avec Timur Ersen, architecte et artisan pisé
11h-12h30 : Discussions sur le frugalité
à l’Usine Vivante
- Introduction et présentation du livre Architecture frugale – 20 exemples d’opérations en Auvergne-Rhône-Alpes, par Ville & Aménagement Durable
- Présentation d’une réhabilitation frugale présentée dans le livre : l’Usine à billes, par Lise Simon, architecte, Texus architectes
- Atelier / échanges sur la question de réhabilitation frugale sur le territoire de Crest
A l’issue de l’événement, les personnes qui le souhaitaient ont été invitées à se rendre sur le site de l’Usine à billes à Mirabel-et-Blacons pour une visite libre.
Quelques mots sur le chantier visité
Il s’agit d’une maison de ville mitoyenne située dans le centre de Crest. Celle-ci est située sur une parcelle en longueur (3,6m x 24m), typique du tissu urbain de centre-bourg.
Partant d’une ruine inhabitée depuis plusieurs décennies, le projet a demandé de tout refaire : toiture, surélévation, planchers, escaliers, dalles, réalisation d’une cour à la place d’un bâtiment couvert d’amiante, etc.
Le double objectif de l’intervention est de :
- proposer une réhabilitation avec des ressources locales ;
- rendre habitable une parcelle peu désirable a première vue.
Du fait de la particularité de la parcelle étroite et longue, l’enjeu a d’abord été de savoir comment apporter de la lumière entre 2 murs. Une vitrine sur rue de bonne hauteur aide à cela.
Ensuite, l’espace s’organise autour d’un mur central, en pisé, qui va jusqu’en haut. Ce mur porte l’escalier qui permet de tourner autour pour monter aux étages. Cet élément central a une largeur d’un mètre à sa base et s’affine en hauteur jusqu’à 40 cm.
Le sol est réalisé en terre battue selon une technique apprise chez Martin Rauch.
Pour les murs, différents types d’enduits sont testés : chaux-argile (Loïc Viret), chaux-chanvre, prompt-chanvre.
Le solivage a demandé une attention particulière. Il fallait choisir des peupliers avec un tronc de 80 cm de diamètre minimum afin de pouvoir faire des solives dans le duramen, hors aubier. L’abatage des arbres hors sève (l’hiver l’arbre n’a pas de sève), permet d’éviter d’avoir à traiter le bois. En effet, sans sève il y a moins à manger pour les xylophages. La charpente a ensuite été mise en place avec le bois vert et les assemblages se serrent au séchage.
Ce projet réalisé en auto-conception et en auto-construction sera un bureau d’archi/artisan pisé au RDC et une habitation aux étages.
Synthèse des matériaux mis en œuvre :
- terre venant d’une carrière à 30km au sud du projet (mur en pisé porteur des escaliers sur toute la hauteur du bâtiment, sols en terre battue, isolant en chanvre paysan local projeté avec comme liant de l’argile, des corps d’enduits et finitions argile/sable d’Ambonil ;
- bois venant de Chatuzange-le-Goubet (une trentaine de km au nord du projet) acheté sur pied, abattu hors sève, débardé et scié à 8km du lieu d’abattage, taillé avec des assemblages bois (queues d’arrondi) sous la forme d’un solivage à la française et mis en place vert. L’essence est du peuplier carolin, une des essences locales qui a toujours servi pour les charpentes du coin avant l’industrialisation et notre capacité à aller chercher du bois du Vercors ou de plus loin ;
- menuiseries en châtaignier de Dieulefit ;
- pierre de Buis-les-Baronnies (marches des escaliers, plan de travail) ;
- pierre de bourgogne pour les seuils, la terrasse et la salle de bain ;
- fondation du mur en pisé réalisée en béton cyclopéen à la chaux NHL5 avec les pierres de démolition du site.
- Le seul système de chauffage est un poêle de masse à bûche inséré dans le mur en pisé servant de boisseau.
Cette opération fait partie des 20 réhabilitations frugales détaillées dans le livre Architecture frugale - 20 exemples de réhabilitations en Auvergne-Rhône-Alpes.