À l'occasion du 5e festival « Jeunes chercheurs dans la cité » qui s'est tenu à Lille et Bruxelles à la fin de l'année 2014, le CAUE du Nord a accueilli le 4 octobre les conférences rassemblées autour du thème « Étude des cités d'antan ».
Nathalie Dereymaeker, doctorante en histoire à l'Université de Louvain a présenté sa recherche sur la place publique dans la ville chinoise traditionnelle et mis en valeur les différences fondamentales qui caractérisent les systèmes urbains chinois et européens traditionnels.
Dans la pensée chinoise, la ville est carrée, close, orientée selon deux axes qui se coupent à angle droit. Les voies secondaires y découpent l'espace selon un échiquier.
Le palais impérial est situé sur l'axe nord-sud. Placé au cµur de la ville et symboliquement de l'univers, le palais fait face au sud.
La ville, à l'intérieur de son enceinte, se divise en plusieurs quartiers séparés les uns des autres par des rues ou des avenues. Chaque quartier est également entouré d'un mur qui ne comporte qu'une seule entrée. Il rassemble plusieurs maisons, chacune munie de sa propre enceinte. La maison est organisée autour d'une cour carrée qui assure les fonctions sociales au sein de la famille.
« Juxtaposition de cellules closes, la ville ne comporte pas de centre ouvert autour duquel se concentre, à partir duquel rayonne l'activité urbaine, et qui correspondrait à l'agora, au forum ou à la place-carrefour *» :
- La cour du palais assume la fonction politique, mais n'est accessible qu'à un petit nombre d'aristocrates et de fonctionnaires.
- Les temples n'assurent pas que des fonctions religieuses, ils accueillent les fêtes, les foires, les spectacles, parfois les marchés,…
- Le marché public se trouve situé à l'origine au nord de l'enceinte de la ville, derrière le palais de l'empereur. Cette position correspond à la situation inférieure dans laquelle se trouvent les commerçants dans la hiérarchie sociale en Chine. Ultérieurement cependant, des considérations plus fonctionnelles viendront remettre en cause le positionnement au nord du marché. Les marchés s'implanteront alors à proximité des portes de ville, là où entrent et sortent les marchandises.
En conclusion, la ville chinoise peut être décrite comme un système de connexions de rues et de nµuds, organisé à partir d'un axe orienté vers le palais impérial, en opposition à la ville européenne articulée autour de rues et de places.
« Le plan chinois centré autour du prince, gouvernant du monde et pivot du cosmos, ou autour de son représentant provincial, s'oppose au centre romain qu'est le forum, symbole des intérêts de la population urbaine, de ses droits et du rôle actif qu'elle joue dans les affaires civiles et religieuses de la cité. L'opposition, sur le plan sociologique, peut se résumer dans le fait que le citadin, en Chine, n'est pas considéré comme un citoyen, mais comme un sujet. *»
* Michèle Pirazzoli-t'Serstevens et Nicolas Bouvier, Chine, Office du Livre, Fribourg, 1970