Dunes picardes de Merlimont

Les dunes de Merlimont forment avec celles de Berck en ensemble d'un seul tenant de plus 800 ha, dont 450 ha appartiennent à la réserve biologique domaniale (RBD) de la Côte d'Opale, gérée par l'Office National des Forêts. De la mer vers la terre, on distingue plusieurs entités morphologiques se suivant sur une bande d'environ 7 km de large.
L'estran (Fig. 1) : une plage sableuse de près de 800 m de large avec bâches, barres et chenaux de vidange. Des dunes embryonnaires se forment en arrière de la laisse de mer.
Les dunes externes (Fig. 3 ) : elles comprennent un avant-dune à proximité immédiate de la plage, des couloirs transversaux associés à des pourrières et des dunes arrières généralement de forme parabolique.
La plaine interdunaire (Fig. 6) : sableuse, parsemée d'étangs d'eau douce, elle s'élève au-dessus des plus hautes mers de vives eaux. La végétation abusive, arborée ou de pelouse masque une morphologie complexe sans forme dunaire nette.
Les dunes internes (Fig. 7) : plus hautes (40 à 45 m) que les externes, elles sont beaucoup moins mobiles. Les formes paraboliques y prédominent.
Un marais maritime : potentiellement submersibles par la mer, il sépare les dunes internes d'une paléofalaise formant le rebord du plateau crayeux.

Ces types de dunes récentes sont à mettre en relation avec la fin de la transgression marine postglaciaire (flandrienne) et du colmatage de la plaine maritime picarde. Les dunes les plus anciennes, d'environ 5000 ans, ne subsistent qu'au nord de la Canche et sont totalement absentes à Merlimont où les dunes internes les plus anciennes ont moins de 600 ans. Au XVIe (Petit Âge glaciaire), les dunes internes étaient très mobiles : de grandes paraboles sableuses s'étiraient vers l'intérieur des terres et menaçaient d'ensablement les habitations. En 1534, une forte tempête provoqua même l'ensevelissement partiel du village de Merlimont. Du XVIe au XIXe siècle, le trait de côte s'est avancé de 2 km environ vers l'ouest.

Les dunes externes n'apparaissent qu'à la fin du XVIIe siècle. La future plaine interdunaire s'ébauche, avec des pannes humides, mais elle est encore largement ouverte sur la plage. L'avant-dune bien établie, telle qu'on la voit aujourd'hui, ne s'est formée qu'après la Seconde Guerre Mondiale. Aujourd'hui elle constitue une barrière difficilement franchissable par les sables transportés par le vent depuis la plage, excepté des couloirs transversaux.

A Merlimont, les conditions régionales sont particulièrement favorables à la formation de dunes littorales :
- un large estran de sable fin formant une vaste plage d'envol à marée basse,
- des vents dominants de secteur ouest, donc soufflant vers les terres,
- une végétation pionnière vigoureuse (agropyron, cakile), capable de piéger le sable en haut de plage.

Ainsi, sur une surface relativement réduite, la réserve biologique de la Côte d'Opale expose les principales formes dunaires élémentaires.


De Yvonne Battiau-Queney dans "Des roches aux paysages"
KENNUNG :
39538
Hochgeladen von :
Aurélie AILLAUD
Erstelldatum :
06/07/2018
Aktualisierungsdatum :
05/02/2021