Carrières souterraines de Lezennes

Sous la commune de Lezennes, s'étendent des carrières souterraines de craie, couvrant 70% du sous-sol de la commune (Fig.1 ).
L'ACCES AUX CARRIERES EST INTERDIT PAR UN ARRETE MUNICIPALE CAR CE MILIEU EST DANGEREUX !

1- Exploitation de la Craie
Les premiers indices indubitables d'exploitations souterraines de la craie dans la région remonteraient au VIème siècle. Néanmoins, l'exploitation de la Pierre de Lezennes serait plus ancienne. Les Gaulois l'utilisaient déjà pour le marnage des champs. Les Romains en ont fait le même usage, mais l'ont également utilisée pour construire des établissements ruraux, les villae ; les exploitations étaient alors à ciel ouvert.
L'extraction des blocs de craie dans les carrières de Lezennes s'effectuait selon deux modes : les « chambres et piliers » et les catiches.
Les « chambres et piliers » décrivent un mode d'extraction horizontal avec une suite de vastes pièces et de galeries. Les piliers sont des parties du gisement non exploités pour maintenir la structure.
Une catiche (qui signifie « terrier de loutre ») décrit une chambre d'exploitation verticale et circulaire, évasée à la base (forme de bouteille de champagne), elles-mêmes reliées par de courtes galeries (Fig. 3).
A Lezennes, il y a beaucoup de galeries, mais peu de catiches. Les travaux d'urbanismes modernes ont en grande partie rompu la continuité du réseau sous les communes de Lezennes, Hellemmes et Villeneuve d'Ascq.

L'exploitation s'effectuait en moyenne à 12-15 mètres sous la surface pour préserver les terres agricoles. Les carriers étaient souvent des agriculteurs qui exploitaient la Pierre en plus de leur activité principale.

L'extraction se faisait en plusieurs étapes :
-le havage, consistait à faire une saignée de 10 cm d'épaisseur sous le bloc à extraire.
-le défermage, délimitait la longueur du bloc en effectuant des rainures verticales.
-le détachement, s'effectuait à l'aide de coins et d'une grosse masse pour détacher le bloc.
-enfin le dégrossissage et l'équarrissage, consistait à débiter le bloc en moellons de dimensions précises (définition de 1623 : 45 x 22.5 x 17.5cm). Les blocs finis étaient remontés par les puits à l'aide de treuils à main et transportés par charrettes vers les chantiers. Les déchets d'exploitation restaient dans la carrière.

Les méthodes d'extraction ont varié dans le temps et dans l'espace. Ainsi, au début de l'exploitation, les carriers utilisaient essentiellement des coins en bois qu'ils enfonçaient dans la craie et qu'ils humidifiaient pour dilater le bois et détacher un bloc de la paroi.


2- Géologie de la pierre de Lezennes
La pierre de Lezennes est une craie blanche d'âge Sénonienne (Crétacé) pouvant renfermer de nombreux fossiles tels que des ammonites, bélemnites, oursins, requins, tortues, reptiles et dinosaures marins, témoignant de la richesse de la faune vivant dans les eaux chaudes de la Mer de la Craie du Crétacé Supérieur (Fig. 2).


3 - Carrières et vie sociale :
La pierre de Lezennes et les carrières ont servi à de multiples usages :

Construction :
La pierre de Lezennes a servi de matériau de construction. L'Eglise Saint Eloi de Lezennes (XIIème siècle) est un emblème local de la Pierre, avec son clocher blanc construit avec des parpaings issus de son sous-sol.
Mais, l'exploitation la plus intense remonte au XVIIIème siècle lorsque Louis XIV qui venait de conquérir les Flandres demande à Vauban de doter Lille d'une citadelle imprenable.
Vauban donne l'ordre aux carriers de Lezennes d'extraire 2000 parpaings par jour. Parmi les monuments lillois construits avec la pierre de Lezennes, citons le Palais Rihour, l'Hospice Comtesse, la Vieille Bourse, la Citadelle, la Porte de Paris, les anciennes fortifications de Lille, ainsi que les églises de Lille (Saint Maurice et Sainte Catherine), de Fâches-Thumesnil, de Sainghin en Mélantois). Les Rouges Barres sont des murs composés d'une alternance de briques rouges sur trois niveaux et de moellons de craie.
L'extraction des matériaux de construction a été abandonnée à la fin du XIXème siècle, ne résistant pas à la concurrence du béton et de la brique industrielle. Pendant une courte période (vers 1890), les carrières ont été ré-exploitées pour fabriquer de la chaux.

Cultures souterraines :
Champignonnières : L'idée est venue à un restaurateur lillois (M. Puy) d'utiliser les carrières pour faire pousser des champignons. Les conditions sont en effet idéales : pas de lumière, forte humidité, température constante toute l'année (12°C). On faisait éclore les champignons sur des meules de compost fait de fumier de cheval et de paille pasteurisés, puis recouverts de sable, de gypse et de craie.
Culture de la barbe de capucin (ou chicorée sauvage) : On répandait de la terre végétale où la salade, privée de lumière, donnait des feuilles longues et dentelées, proches de l'endive.

Souterrains-refuges :
Les carrières ont de tout temps servi de refuge, pour des soldats espagnols pourchassés, des bandes de brigands, des jeunes Lezennois cherchant à échapper à la conscription pendant le Premier Empire et même des conjurés contre Napoléon III (1854). Durant les guerres et plus particulièrement celle de 1939-45, les carrières ont servi de refuge pour les habitants de Lezennes lors des bombardements ou pour les résistants cherchant à échapper à la Gestapo. De nombreux escaliers particuliers ont été creusés dans les caves des habitants de Lezennes pour accéder plus vite aux carrières.


D'après "Les carrières souterraines de Lezennes: un site historique remarquable", Michel Dubois.
KENNUNG :
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Hochgeladen von :
Mathieu PONCELET
Erstelldatum :
04/07/2018
Aktualisierungsdatum :
05/02/2021