Une parcelle en dent creuse, limitée de tous côtés par des ensembles construits de hauteurs importantes et diverses, induit la réalisation d’une maison de ville aux gabarits imposés par l’espace laissé disponible.Cette maison de ville est réalisée en continuité d’un immeuble de logements collectifs dont elle empreinte la forme simplifiée, troublant volontairement la lecture d’une maison. Ce projet interroge le programme de maison en site urbain dense, en se concentrant sur sa capacité à donner toutes les qualités de vues, de lumière, d’accroche sur le paysage urbain en privilégiant la création d’une certaine intimité.Son expressivité quasi «muette» sur le boulevard propose une façade plane, dépouillée, qui se ferme aux bruits issus du boulevard. La parcelle exiguë est construite à quasi 50 %, ce qui induit une réflexion sur les espaces extérieurs qui se transforment en un outil tridimensionnel modelant le volume de l’habitation. La cour est entièrement minérale, une plateforme en béton flotte, se plie et se découpe pour recevoir des bambous. Le patio du second étage creuse le bâti, sur le toit une vaste terrasse prolonge l’espace de détente. Cette forme de capitalisation des espaces extérieurs, en opérant un repli sur soi, fait référence aux riads marocains. Ainsi, la densité construite, l’attachement à une certaine intimité et l’exiguïté de la parcelle conduisent à phagocyter la moindre parcelle de ciel.Ce parallélépipède aux formes simples traduit de manière très pragmatique un programme d’habitation. De grandes surfaces libres sont distribuées par un escalier qui relie les différents niveaux. Ce système volontairement efficace permet à terme la réversibilité de ce programme de maison en une série de trois appartements superposés. Une inversion traditionnelle des lieux de vie est opéré: le rez-de-chaussée est réservé aux stationnements et à l’installation d’un petit appartement faisant fonction d’accueil d’un membre âgé de la famille; au premier étage, une galerie opaline dessert les chambres; le deuxième et le troisième niveaux en duplex offrent les espaces dédiés au séjour de vie.A l’opposé de la façade sur le boulevard, celle sur la cour se découpe en larges baies fixes qui se combinent de panneaux d’aluminium recevant un ouvrant. Ce dispositif assure la ventilation naturelle des pièces. Depuis la cour, les couleurs intérieures rejaillissent sur la façade, les habitants effectuant leurs gestes quotidiens sont en quelque sorte mis en scène, ce jeu«playtime» est offert à la quiétude de la cour.A l’intérieur, c’est la proportion des volumes qui s’offre aux regards, la monochromie blanche des espaces est animée par la lumière qui pénètre largement dans les différents lieux, les ombres dessinent des formes géométriques. Les meubles, les objets du quotidien, les plans de couleur restituent aux espaces leur caractère domestique.
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