L’artiste documente les traces laissées à Calais par les migrants afghans en attente d’Angleterre.
"Le point de départ est une carte : Calais, un territoire sur lequel des hommes sont traqués ; une escale, une périphérie. La frontière est à la fois ponctuelle, axée sur les zones Eurotunnel - port, et diffuse, les populations migrantes s’étalant dans la ville, terrées dans des “niches”. La ville est la frontière.
Le paysage calaisien porte les stigmates de sa situation géostratégique à travers les âges. Il est marqué par l’histoire des Bourgeois de Rodin, truffé de forts, des citadelles de Vauban aux monolithes du IIIe Reich.
Aujourd’hui, la forteresse s’inverse. Elle n’a plus lieu de protéger la ville contre les invasions. Elle mure les mouvements, fige les migrants qui tentent de s’en échapper. Mon expérience est celle d'un collectionneur de traces : montrer les survivances d'un passage sur une terre saturée de palimpsestes, marquer les empreintes avant que la prairie ne les recouvre."