Au cours des deux derniers siècles, l'architecture et le paysage urbain ont constamment été au centre des relations entre l'Allemagne et la France, dessinant dans l'espace une chronique des relations croisées et des confrontations entre les deux pays. A l'image de la physique, où les perturbations introduites dans un champ électromagnétique par un champ voisin provoquent des interférences, les deux histoires parallèles se déterminent l'une l'autre.
Théories, idéologies et formes circulent dans les deux sens à travers les frontières, pendant que des débats incessants portent sur la monumentalité ou l'interprétation des techniques nouvelles. Alors que les villes connaissent une croissance sans précédent, les relations en miroir entre les capitales Paris et Berlin sont fécondes, tandis que les projets conçus pour des territoires frontaliers transformés par le jeu des annexions et des occupations, comme Strasbourg, Metz, la Rhénanie ou la Sarre, sont aussi inventifs que controversés.
Voyages de découverte et de formation, recherches, projets et chantiers jalonnent ces relations entre architectes, urbanistes et paysagistes, mais aussi entre intellectuels et critiques actifs dans chaque pays et, pour certains, dans les deux à la fois. De Karl Friedrich Schinkel à Jean Nouvel, une sorte de conversation continue s'engage ainsi entre Gottfried Semper, Viollet-le-Duc, Auguste Perret, Le Corbusier, Walter Gropius, Rudolf Schwarz, Walter Benjamin et Julius Posener.
Restitués dans leurs enjeux changeants par les analyses d'une vingtaine de chercheurs européens et nord-américains, ces échanges intenses sont illustrés par un ensemble de dessins, de plans et de photographies souvent inédits. Dans une fresque étonnante, les projets oubliés et des réalisations ignorées dialoguent ainsi avec des édifices connus, qui prennent un sens nouveau