Notre île, une terre de bambou
De tout temps utilisé sur l’ile, calumet, bambou des ravines, salle verte, paillottes, maisons en calumet tressé, on croise le bambou partout, dans la nature sur le littoral et dans les hauts. Ancien de 6000 ans en Chine, il s’épanouit sur la planète. C’est une bio-ressource majeure pour l’avenir économique de l’île. Elle est renouvelable et inépuisable. Elle permet de rafraîchir l’air, produire de l’oxygène, absorber l’eau de pluie, tenir la terre, c’est aussi une matière première pour la construction.
Cent vingt espèces de bambous sont cultivées depuis 1992 à la Bambusaie du Guillaume à Saint Paul par Alexandre Perrussot. L’exploitation initialement tournée vers l’utilisation de la plante pour les jardins de l’île, s’est peu à peu tournée aussi vers la production de bambous de charpente.
Une filière bambou qui s’organise en économie circulaire
Développer les principes de l'économie circulaire dans l'environnement bâti consiste fondamentalement à changer la façon dont nous concevons nos bâtiments pour garantir qu'ils puissent être exploités, entretenus, réparés, réutilisés ou adaptés à de nouveaux besoins, tout en optimisant la valeur des ressources et en générant le moins possible de déchets.
Matériau écologique par excellence, 100% recyclable, tout dans le bambou est utilisable des racines jusqu’aux feuilles.
La phase de conception : le bon moment pour agir
Un réseau de concepteurs et d’utilisateurs de bambous dans la construction se met peu à peu en place. Il s’agit de développer la formation et les métiers de mise en valeur et de transformation de la ressource bambou. De nombreux emplois sont à la clé.
Depuis trois ans, Christophe Rat, gérant de l’entreprise Bambooneem.re, conçoit et met en œuvre des aménagements et constructions en bambous. En tant qu’ingénieur et formateur il organise aussi des cessions de formations autour de l’utilisation du bambou, ouvertes au grand public ou aux professionnels. Il travaille avec de jeunes designers, architecte comme Juliette Rat, Thibaut Fung, et des charpentiers, menuisiers, comme Briac 3B. Le secret du succès du bambou réside aussi dans le revêtement de sol, les meubles, les objets du quotidien.
Remplacer les matériaux traditionnels par du bambou pourrait être un moyen important de mettre en place des initiatives d’infrastructures « vertes ».
Thibaut Fung, jeune diplômé architecte et formateur en construction bambou, a conçu sur Sainte Marie « Bambou Moka » un projet pilote d’exploitation, de séchage et de traitement du bambou en cohérence avec une transition agricole, architecturale et sociétale.
Le bambou, un or vert
La plantation de bambou est rentable, la plante a une valeur marchande supérieure à la canne à sucre. Une association de permaculteurs s’y intéresse fortement, aidée par l’expertise de la Bambusaie du Guillaume.
Pour que la filière se développe, il faut planter en abondance des bambous utiles pour la construction, non traçants puis couper la canne en hiver, suivant la lune.
Il faut aussi cartographier la ressource potentielle exploitable en bambous sur l’ile.
Déjà utilisé dans les jardins comme plantation, ou comme isolant thermique et climatiseur naturel, protection solaire ou plante coupe-vue, le bambou s’avère aussi un matériau exploitable pour les particuliers dans leurs aménagements et leurs constructions.
Comment assurer la durabilité des ouvrages en bambou
La règle fondatrice est de respecter les protocoles de récoltes et le choix de la canne de bambou : choisir dans la touffe de bambou une canne d'au moins 5 ans d'âge pour sa maturité et la dureté de son bois et procéder à la coupe en hiver impérativement, si possible en lune descendante.
Selon les pays, de nombreux types de traitements ont été mis en place, allant du processus de chauffe en étuve à celui du traitement chimique au sel de Bohr, en passant par l'immersion dans l'eau, ou encore le traitement chimique similaire à celui appliqué au pin classe 4. Chaque méthode présente des avantages et inconvénients.
Certaines qualités de bambou sont particulièrement sensibles aux attaques des insectes, comme notre bambou des ravines, le bambusa vulgaris, ou le Dendrocalamus Giganteus, notre gros bambou de Salazie. D'autres bambous comme le Dendrocalamus Asper ou l'Aurea Phyllostachis, disponible à la Bambusaie du Guillaume, sont peu sensibles aux attaques d'insectes, car ces bambous de haute qualité pour la construction produisent un bois très dur, une fois la canne à maturité d'âge. Ils sont encore méconnus et peu répandus à La Réunion.
Plantez des bambous !
« Si les enfants plantent du bambou maintenant, dans 8 ans ils auront du bois prêt à l’emploi, et ils auront du bois pour le reste de leur vie pour construire tout ce dont ils auront besoin ». John Hardi. IBUKU
Plantez des bambous pour rafraichir votre case et améliorer le confort thermique, mais aussi pour vous procurer un revenu !
Optez pour des bambous « tropicaux » qui poussent en touffe, évitez les bambous traçants « tempérés » qui sont difficiles à contrôler.
Renseignez -vous sur la taille adulte des bambous que vous plantez, ils sont petits à la plantation, mais si nécessaire les bambous peuvent être facilement taillés en hauteur.
Entretenez les bambous, il est nécessaire d’enlever les vieilles tiges du centre régulièrement. Les bambous ont deux chutes de feuilles par an, en mai-juin et en octobre-novembre. Les feuilles ramassées peuvent être mises en paillage au pied de la plante.
Le Conseil d'Architecture, d'Urbanisme et de l'Environnement (CAUE) s’intéresse à l’usage du bambou dans la construction, dans l’urbanisme et le paysage, il est gratuitement à votre disposition pour vous informer sur ce sujet. Pour prendre rendez-vous avec l’un de ses architectes-conseillers, téléphonez au 0262 21.60.86.
