Le 30 juin 2012 est une date clé. Ce jour-là, le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais était inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l'Unesco (l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) au titre de «Paysage culturel évolutif vivant». Des années de travail auront été nécessaires pour monter un dossier et faire reconnaître toute la richesse et la diversité de ce territoire transformé au fil des années par l'exploitation du charbon. Le périmètre comprend 353 éléments - dont certains sont présentés dans cet ouvrage - et fait désormais partie de cette liste prestigieuse qui permet à la fois une reconnaissance, mais aussi une mise en valeur culturelle et touristique. Car les 120 kilomètres de long du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais méritent d'être découverts. Vus du ciel, les témoignages de cette époque offrent des paysages magnifiques, colorés, divers et parfois surprenants : le chevalement de la fosse Ledoux à Condé-sur-l'Escaut, la fosse d'Arenberg à Wallers, la cité Foch à Hénin-Beaumont, les terrils jumeaux de Loos-en-Gohelle, le château Mercier à Mazingarbe, ou encore la cité des Électriciens à Bruay-la-Buissière.
Si le Comité du patrimoine mondial a répondu favorablement à cette candidature, c'est que ces terres révèlent des sites exceptionnels façonnés tout autant par l'homme que par la nature. Pendant près de trois siècles, on a creusé le sous-sol pour en extraire une ressource naturelle devenue richesse économique : le charbon. De cette histoire sont nés les chevalements, les terrils et les cavaliers, les cités minières et les équipements collectifs tels que les écoles ou les églises. Le paysage agricole devient paysage industriel à la faveur de l'exploitation du charbon. D'est en ouest, le territoire subit une mue dont les empreintes sont toujours visibles.
De Condé-sur-l'Escaut à Auchel, en passant par Wallers, Somain, Lewarde, Douai, Oignies, Loos-en-Gohelle, Lens, Noeux-les-Mines ou Bruay-la-Buissière, l'héritage est exceptionnel, d'abord par ce qu'il raconte d'un passé pas si lointain, mais également pour la diversité des équipements encore debout et la beauté des sites. Le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais offre surtout un exemple complet des édifices en lien avec la mine. Toutes les facettes sont représentées, toutes les époques, toutes les évolutions : l'habitat minier à travers les corons, les cités pavillonnaires, les cités-jardins puis les cités modernes; les différentes formes et tailles de terrils, coniques ou plats, bruts ou reboisés; les équipements qui évoluent au fil des temps, avant ou après la nationalisation.
Le bassin minier est tout sauf monotone ou répétitif. Il est au contraire divers, d'une richesse exceptionnelle. Il est aussi en mouvement perpétuel : ses éléments ne sont pas enfermés dans un musée, ils ont été transformés par l'homme, encore, ou par la nature. L'homme y vit, y travaille parfois, y imagine des performances artistiques, y élabore des projets, y fait du sport. Il visite, gravit les terrils, découvre et donne aux différents lieux un souffle nouveau. Car ce territoire n'a pas fini de vivre, il poursuit une vie qui n'a jamais cessé. Mais elle a pris un nouveau tournant, celui de l'avenir.
Le photographe Philippe Frutier propose une vision originale du bassin minier, auquel il s'intéresse depuis de nombreuses années : ses clichés sont pris à partir d'un ULM qui lui permet de survoler la région et d'en découvrir les richesses. Les photos de cet ouvrage sont issues d'un fonds regroupant quelques dizaines de milliers de prises de vue, fruit d'un travail, mais avant tout d'une passion, pour les paysages du Nord-Pas-de-Calais.