Note de présentation relative à la construction d'une église au Monastère de la Plaine à Saint-André lez Lille
L'orientation :
L'église est implantée à 45° par rapport aux bâtiments existants, avec l'entrée au sud et l'autel au nord.
Cette implantation a permis
- de relier l'église aux fonctions existantes, accueil d'un côté, dortoir de l'autre,
- [de créer un cloître]
- de capter le soleil et la lumière aux différentes heures de la journée et selon les saisons.
[L'implantation en opposition à l'orthogonalité des autres bâtiments, affirme la vocation et l'importance de l'église et du lieu de prière dans le monastère.]*
L'église :
La toiture inclinée présente sa partie basse au niveau du parvis intérieur (narthex) et monte vers le sanctuaire, créant une dynamique d'élévation dès la première perception du bâtiment.
Le sanctuaire :
Ce lieu en forme de carré, dont une pointe pénètre dans le chœur, est marqué
- au sol par le parquet en bois clair légèrement surélevé,
- au plafond par le puits de lumière
- et latéralement par les 2 murs élancés d'extrémité.
L'autel, au milieu de ce carré, est baigné de lumière depuis la verrière située en toiture.
Le choeur :
Le bâtiment est plus large au niveau du chœur, créant l'équivalent d'un transept et donnant ainsi un maximum d'espace pour les sœurs de la communauté.
Le chœur est éclairé par des fenêtres hautes, laissant entrer une lumière diffuse sans jamais donner de vue directe vers l'extérieur.
Cet espace est différencié de la nef par un parquet de bois foncé, et par la disposition des bancs et des stalles.
Les matériaux principalement en bois et la lumière diffuse créent une ambiance calme et sereine propice à la prière et au recueillement.
Les redents créent surtout des lieux individuels de recueillement.
La nef :
Tous les éléments concordent à orienter le regard, l'attention et les perceptions vers l'autel ; redents, plafond incliné, lumière, matériaux,…
Cet espace est plus faiblement éclairé que le chœur.
Le parvis (narthex) :
Lieu de transition entre l'extérieur et l'intérieur, il est accessible depuis la cour de la porterie (parvis extérieur) et depuis la galerie vitrée par un couloir. Il peut s'ouvrir largement sur la nef permettant ainsi d'accueillir 60 personnes supplémentaires lors de célébrations exceptionnelles.
Le clocher et le parvis extérieur :
Le clocher en tant que signal vis-à-vis de l'extérieur est implanté en avancée de l'église afin d'aller à la rencontre des fidèles et de les accueillir dès leur arrivée à la porterie du monastère.
Les murs extérieurs sont en briques et bardage bois, et les murs latéraux sont à redents afin de retrouver la matière, l'orthogonalité et le rythme en référence aux bâtiments existants.
Ces redents créent une progression lors de l'accès à l'église et des points de vue différents depuis la nef ou le chœur. Ceux-ci sont aussi des lieux de recueillement plus isolés pour la prière ou des espaces pour la statuaire.
Deux poutres porteuses en lamellé-collé, inclinées, partent de l'entrée jusqu'au puits de lumière du sanctuaire pour porter la toiture et permettent de laisser apparente une structure sans éléments transversaux perturbant la perception de l'élévation; les "fermes" reposent sur les murs en redents en béton, reprenant l'ensemble des efforts tels les arcs-boutants des cathédrales. Les espaces entre ces redents sont en ossature bois et bardage bois.
[Reconstituer un chemin initiatique vers la lumière.]*
Reconstituer un chemin pour créer les conditions de réceptivité.
L'entrée : 3 portes à franchir pour arriver à la lumière :
- La 1ère porte, composée de ces 2 colonnes, porte virtuelle, est un élément isolé sur une mer de bitume, anachronique. Cette porte interpelle, destabilise, questionne, met en éveil les sens.
- La seconde, double porte, grande, lourde, nous fait accéder à un lieu sombre et vide. Elle prépare au recueillement, à recevoir, à percevoir par l'absence de sens.
- La 3ème porte, porte dérobée, petite et basse fait découvrir un lieu orienté, où tout converge vers cette lumière venant du ciel : matériaux bruts le béton, l'absence de vue vers l'extérieur, l'élancement des poutres…
L'espace met en scène ce que l'on appelle un contraste retardé, le passage du dehors au-dedans passe par des étapes :
- d'un extérieur ....
- à un extérieur / intérieur (celui de l'entredeux des colonnes et de l'entrée du bâtiment) ...
- à un intérieur / extérieur - (celui du parvis ou l'on ressent bien que nous ne sommes pas encore dans le saint des saints)
- puis enfin à l'intérieur.
Mais celui-ci se re-décompose en 3 espaces: le lieu des profanes, celui de la communauté (le Chœur) et enfin le lieu sacré.
[Indiquant ainsi que le chemin, jamais ne se termine, mais que seul importe le cheminement.
Nous voilà passés de l'ombre à la lumière.]*
La sortie : [une fois la lumière reçue, la connaissance acquise, la progression accomplie]* le retour vers l'extérieur se fait par une perception totalement différente des lieux; les matériaux sont plus doux, le bois remplace le béton brut, [il inspire cette paix, amour et joie à faire partager à l'extérieur]*.
Venant de l'extérieur, le monde semble fermé, dur, froid et austère. Après le recueillement dans l'église, la méditation et avoir reçu la lumière, le monde s'ouvre vers de nouveaux horizons, il apparait plus doux, chaud et accueillant. [le visiteur qui ressort est prêt pour retransmettre à l'extérieur ce qu'il a acquis lors de cette quête intérieure.]
Note : [ ......] référence à la commande du maître d'ouvrage
Technologies mises en place :
- charpente bois
- ossature et bardage extérieur et intérieur bois naturel ponctuel
- correction phonique par faux plafond en dalles fibralith
- chauffage par le sol (sur chaufferie existante)
- couverture zinc
© Agence Claude Debrock