FIGURES DE RÉSEAU / Portrait de Christophe Fortin
« Vas-y, c’est magnifique ! » lui déclare un collègue lorsqu’en 2015 Christophe Fortin rejoint le conseil départemental de l’Ain. C’est à cette invitation qu’il découvre le CAUE de l’Ain dont il deviendra président. « J’ai été agréablement surpris par cette structure que je connaissais mal : les questions humaines, les projets de terrain, l’équipe… tout m’a incité à m’engager auprès du CAUE de l’Ain. On y crée du lien, du liant même. Et le binôme que nous avons vite formé avec le directeur fonctionne bien. Il repose sur un équilibre, chacun reconnaît la place de l’autre ».
Christophe Fortin est avocat depuis 1989, spécialiste en droit de la famille et en droit du travail. Il exerce dans le département et à la cour d’appel de Lyon. « Je ne suis donc pas « du sérail » comme on dit, je ne connais pas l’architecture, mais je pense apporter au CAUE un regard extérieur ».
Christophe Fortin entre en politique il y a une trentaine d’années. D’abord avec des mandats municipaux, comme adjoint aux finances à Belley (la patrie de Brillat-Savarin, l’auteur culinaire et lui aussi avocat, devenu maire de la commune en 1793). Puis Christophe Fortin déménage à Ambérieu-en-Bugey, capitale du Bas-Bugey sur les premiers contreforts du Jura. Il candidate alors à la mairie en 2014, obtient 43 voix d’écart avec son concurrent (il y a alors deux candidats à droite) mais choisit de lui céder la place, en vertu de leur accord de désistement réciproque. « La loyauté entre élus territoriaux a toujours été primordiale pour moi » estime-t-il. Il devient alors adjoint aux finances… jusqu’à aujourd’hui.
La transition écologique est devenue centrale
Ambérieu compte 14 000 habitants. C’est la quatrième ville du département mais elle a la chance d’être placée au carrefour de grands axes qui relient Lyon, Genève, Macon, Aix et Bourg. C’est aussi la première gare TER de la région. Cette situation et son développement industriel contribuent à placer l’Ain comme premier département industriel de France rapporté à sa population. La ville abrite un très beau musée du cheminot et un parc industriel planifié il y a quarante ans. Sur deux cents hectares, l’ensemble a bénéficié d’un préverdissement, opération de plantation d’arbres précédant l’installation des entreprises. Cette création, visionnaire pour l’époque, est aujourd’hui appréciée même des promeneurs. « La question de la transition écologique est devenue centrale aujourd’hui » estime Christophe Fortin. Le « E » de CAUE est devenu l’un des grands axes d’action du CAUE de l’Ain. « Si l’acte de construire présente un aspect définitif et circonscris, les questions environnementales dépassent les territoires et les frontières, tout est aujourd’hui interdépendant. D’où l’importance de la vision d’ensemble mais aussi du développement de la formation des élus et des techniciens que le CAUE met en place ». De même que le développement éducatif, que le CAUE assure auprès des écoles et des collégiens : « nous avons un rôle de transmission de valeurs aux enfants ».
Christophe Fortin s’assure de par ses fonctions « des bonnes relations entre le CAUE et le conseil départemental, notamment avec la conseillère en charge de l’environnement et des espaces naturels sensibles, avec qui… nous partageons la taxe. Cette taxe d’aménagement sert beaucoup à l’environnement. Mais si le département œuvre actuellement pour une refonte et une redistribution des rôles notamment en matière d’ingénierie, je reste farouchement opposé aux regroupements de structures, sous forme de GIE par exemple. Je préfère une organisation en portail en nous rapprochant de nos partenaires que sont les ALEC ou l’ADIL, afin de faciliter l’accès des élus à l’information ». Dans cette logique de rapprochement sans effacement, le CAUE travaille de concert avec les services de l’État (DDT, UDAP…) ou la CCI. Le tout nouveau directeur du CAUE de l’Ain vient d’ailleurs de l’UDAP, structure avec laquelle le CAUE assure souvent des permanences communes.
Christophe Fortin estime que l’échelon régional (avec les unions régionales de CAUE) reste indispensable, « surtout depuis la loi Notre, en particulier pour assurer la promotion des CAUE et mener des actions communes… Quant aux intercommunalités, leur action doit nécessairement reposer sur le respect et l’égalité des territoires ».
Dans ce contexte politique et technique, Christophe Fortin nous apparaît comme un administrateur décidément heureux de présider un CAUE pleinement ancré dans son territoire, mais aussi de faire partie d’un réseau utile et actif. C’est dans cet esprit qu’il est également administrateur de la FNCAUE. Et de conclure : « Si je suis réélu au département, je souhaite absolument continuer à présider le CAUE ! »
Article de Yves HELBERT, Fédération Nationale des CAUE